Masturbation : entre répression et pérennisation
Par Mozart SAINT FLEUR, Sociologue
« Je l'avoue ici publiquement et comme
un acte expiatoire: oui, je me suis masturbé … et à plusieurs reprises!» (Brenot, 2013 b).
« Pendant des siècles, on dit que
ça [la masturbation] rend malade, ça rend sourd, ça rend stérile […], tout ça,
c’est n’importe quoi. Ça n’apporte aucun problème […] donc, […] c’est une
pratique naturelle tout simplement» (Solano, 2017).
La masturbation, phénomène
social normal, reste un sujet tabou, brûlant, mal considéré tout au long de
l’histoire (Cadaureille, 2012), que ce soit en Haïti ou ailleurs, au point que ceux et celles qui la pratiquent parviennent
difficilement à se débarrasser de la charge honteuse qu’elle traine après elle et
se trouvent dans l’embarras d’admettre qu’ils/elles la pratiquent. En effet, cette
pratique clandestine, souvent désignée par les mots auto-érotisme, onanisme, sexe
en solitaire, pour ne citer que quelques dénominations, a tellement connu une
résistance sociale qu’ « en société on ne peut pas parler de
masturbation » (Balint, 2003). Car, généralement, « celui qui l’admet
en est sorti, et celui qui la nie la pratique encore » (Balint, 2003). La
cause peut être aussi expliquée par le fait que, depuis bien des temps,
« hors la sexualité à but lucratif, tout comportement sexuel a été
considéré par les médecins comme pathologie et par les moralistes comme des
crimes contre la morale » (Pognant, 2009). Pourtant, nombreux sont ceux et
celles qui, avant de construire une vie sexuelle normale[1],
commencent par cette pratique (Pognant, 2009). Ainsi, dans cet article, nous
allons essayer de comprendre et d’expliquer, dans une perspective sociologique,
pourquoi certains jeunes s’adonnent-ils/elles à la masturbation? Quels sont les
impacts (positifs ou négatifs) que peuvent avoir ce phénomène sur la santé des
pratiquants/es? Pourquoi est-ce que la masturbation a-t-elle toujours vu de
manière négative, et, ce, même du côté de l’homme masturbateur et/ou de la
femme masturbatrice? Pourquoi, en dépit des idées reçues sur la masturbation,
certaines personnes continuent-elles à la pratiquer?
Avant d’aller plus loin, quelques remarques s’imposent
notamment à ceux et celles qui croient que la sociologie n’est pas à la hauteur
ou du moins n’a aucune légitimité de réfléchir sur des phénomènes ayant rapport
à l’amour et, donc, au sentiment. Cette idée, avouons-le, découle, d’une part, de
la mauvaise compréhension que les demi-savants, les demi-habiles, les profanes
se font toujours de la sociologie. Ces derniers parviennent difficilement à
reconnaître la sociologie comme science par le simple fait qu’elle dévoile des
choses cachées, c’est-à-dire qu’elle dévoile des « mécanismes invisibles »
que les dominants veulent à tout prix cacher et perpétuer (Bourdieu, 2009). Pourtant, le sociologue ne fait
que faire son métier, le métier pour lequel il est socialement mandaté:
travailler à dire le vrai sur le monde social (Bourdieu, 1999).
D’autre part, ces idées reçues découlent de la mauvaise
compréhension des « demi-habiles » des méthodes édictées par le sociologue français Émile Durkheim
notamment dans Les règles de la méthode sociologique. Ces « demi-habiles » croient que la sociologie
ne peut pas étudier des faits ayant rapport aux sentiments du fait qu’ils relèvent
de la subjectivité. Pourtant, aux dires de Durkheim (1894), la sociologie est
une discipline qui a pour but d’étudier les faits sociaux comme des choses. Ainsi,
il définit un fait social comme étant « toute manière de faire, fixée ou
non, susceptible d’exercer sur l’individu une contrainte extérieure; ou bien
encore, qui est générale dans l'étendue d'une société donnée tout en ayant une
existence propre, indépendante de ses manifestations individuelles »
(Durkheim, 1894 : 22-23). Étant un fait social normal, c’est-à-dire un
fait qui est présent dans presque toutes les sociétés, contrairement à ce qu’on
pourrait croire, la masturbation peut, sans doute, faire l’objet d’étude
sociologique. Ainsi, faire une sociologie de la masturbation, pour paraphraser
Michel Bozon[2] (2009), revient à tout d’abord rappeler qu’il n’existe de masturbation
que socialement construite.
D’autant plus,
contrairement à ce qu’on pourrait imaginer, la sociologie s’intéresse aussi au
quotidien, au futile, au discret, à l’indifférent, au banal, comme le témoigne
la sociologie simmelienne[3].
Contrairement à ce qu’on pourrait s’attendre, ce travail n’a pas pour but de faire
une apologie de la masturbation, voire la réprimander. Ce serait contraire à la
sociologie. Notre objectif réside plutôt dans la compréhension de ce phénomène
qui, jusqu’à l’heure actuelle, reste difficilement admissible. Étant donné que
c’est le rôle de la sociologie de contribuer à « défataliser le
monde », pour parler comme Pierre Bourdieu, nous essayons de traiter le
phénomène le plus objectivement possible. Et, nous sommes désolés de ne pas
pouvoir combler, pour des raisons scientifiques, les attentes des apologistes
ou des détracteurs de cette pratique. Car, comme l’aurait dit Pierre Bourdieu, « la faiblesse ou la force de la
sociologie est en quelque sorte d'être dans une position défensive puisqu'elle
doit sans cesse s'opposer aux discours des « demi-habiles », discours
de l'apparence et du mensonge (Bourdieu, cité par Harang, 2010).
Commençons pour
dire que tous les auteurs ne s’accordent pas sur une définition exacte de la
masturbation. Selon Brenot (2004 : 397), « le premier terme, manusturpation, vient de manus, la “main”, et
stupratio, “l’action de se souiller” ». Il avance en disant que « la
manusturpation est alors le fait de se souiller par une action de la main, ou
encore de donner du stupre, plaisir honteux, par la main ». Il enchaine
pour dire que « le second terme, masturbation, vient du latin masturbatio et peut-être du grec mastropeuein, “prostituer”». Androutsos (2005 : 71), pour sa
part, définit la masturbation comme « une auto-excitation des zones
érogènes génitales en vue d’aboutir à l’orgasme ». L’auteur avance pour
dire que « cette pratique est une phase transitoire du développement
normal de la fonction érotique dans l’espèce humaine » (Androutsos,
2005 : 71).
Contrairement à
certains auteurs qui confondent masturbation et onanisme, Androutsos, lui, les
distingue les uns des autres. Car, selon lui, « l’onaniste obtient son
jouir par le coït interrompu », c’est-à-dire qu’il s’agit d’un « acte
sexuel au cours duquel le partenaire masculin dégage du vagin avant d’éjaculer,
ceci dans un but anticonceptionnel ou pour des raisons psychopathologiques »
(Androutsos, 2005 : 71). Alors que le masturbé, quant à lui, aux yeux de
l’auteur, « s’en tient à l’empoignade mobile de sa main sur son sexe »
(Androutsos, 2005 : 71). Contrairement à Androutsos, Balint (2003), pour
sa part, soutient que « la masturbation vient de manu-stupratio et n’a
rien à voir avec la « mas » ou la « turbation » ; de
plus, c’est un acte dans lequel la main peut ne jouer aucun rôle.
Quant au
dictionnaire du Petit Larousse, nous disent Midrez et Raze (2005 : 25), il
« comprend le mot masturbation pour la première fois en 1976. Aujourd’hui,
nous disent les co-auteurs, Le Petit Larousse définit la masturbation comme
suit : « une pratique sexuelle consistant à obtenir seul et pour soi-même un
plaisir sexuel allant jusqu’à l’orgasme, par des contacts adaptés au niveau de
la zone sexuelle » (Petit Larousse de la sexualité, 2007, p.550). « Ce
dictionnaire, ajoute les co-auteurs, propose comme synonymes: Autoérotisme,
autostimulation, branlette, onanisme » (Midrez & Raze, 2005 : 25).
Dans le cadre de
notre article, à l’instar de Midrez et Raze (2005 : 25), nous entendons
par masturbation une « activité autoérotique,
stimulant les organes sexuels, par touchers ou pressions, usuellement avec les
mains ou avec des vibromasseurs dans le but d’atteindre une satisfaction
sexuelle ». Laquelle activité peut être individuelle ou mutuelle. Aussi,
elle « peut, ou non, mener à l’orgasme ». Donc, dans notre
travail, nous tenons compte à la fois de la masturbation masculine et celle
féminine. Car, contrairement à ce qu’on pourrait penser, la masturbation
concerne et les garçons et les filles, peut-être, nous avons bien dit peut-être,
avec des degrés divers. Car, à en croire Kraus (2017), « l’auto-sexualité
reste une expérience plus répandue chez les hommes (95%) que chez les femmes
(74%) et, surtout, une pratique beaucoup plus occasionnelle dans la gent
féminine ». Toujours selon l’auteur, « seules 14% des femmes
admettent aujourd'hui se masturber au moins une fois par semaine, contre 50%
des hommes ».
Avançons pour dire
que si le mot masturbation semble remonter au XVIème siècle et plus
précisément en 1576 avec Michel de Montaigne (Androutsos, 2005), la pratique
semble anhistorique, pour répéter
l’expression de l’historien américain Thomas Laqueur (2005), dans son ouvrage titré
Le sexe en solitaire : Contribution
à l’histoire culturelle de la sexualité où l’auteur met en relation la
masturbation et la modernité. Pour l’auteur, il est difficile, voire impossible
de circonscrire la masturbation à la fois dans le temps et dans l’espace, c’est-à-dire
qu’il s’agit d’une pratique qui a toujours existé. L’auteur a souligné qu’ « aussi
loin que l’on peut remonter dans les archives et probablement bien avant,
l’homme et la femme se sont adonnés aux plaisirs solitaires » (Laqueur, 2005),
cité par Midrez & Raze, 2015 :
6).
Dans l’Égypte
ancienne, rapporte Androutsos (2005), un individu qui voulait participer à la
vie de l’au-delà, devait déclarer devant le tribunal divin qu’il ne s’était
jamais se masturbé. Hippocrate (460-356 avant J.C.), la plus grande figure de
la médecine antique, quant à lui, n’avait pas manqué de décrire les maux résultant
de l’abus de plaisir, notamment sous le vocable de « consomption
dorsale ». Alors que Diogène de Sinope, dit le chien, était d’avis que « rien
de ce qui est naturel n’est honteux ». C’est ainsi qu’un jour, en se
masturbant sur une place publique, Diogène a déclaré ce qui suit : « Plût
au ciel qu’il suffit aussi de se frotter le ventre pour ne pas avoir
faim ». Lisons à cet effet ce long passage de Marie-Odile Goulet-Cazé
(2005 : 3) :
Diogène part d’un principe simple, à savoir que
rien de ce qui est naturel n’est honteux, et il en tire toutes les
conséquences, même les plus ultimes. C’est ainsi qu’il n’hésitait pas à poser
tous les actes naturels en public : « Il avait l’habitude de tout
faire en public, aussi bien les œuvres de Déméter que celles
d’Aphrodite ». Aussi ne s’étonnera-t-on pas de lire chez Diogène
Laërce : « Il se masturbait constamment en public et disait :
“Ah ! si seulement en se frottant aussi le ventre, on pouvait calmer sa
faim” », ou encore chez Galien cette anecdote où on voit le philosophe
préférer la masturbation à l’union avec une courtisane qui, en faisant
intervenir une partenaire, introduit chez l’individu une dépendance et par
conséquent restreint son autonomie et sa liberté : «Un jour, à ce qu’on
dit, il avait convenu avec une courtisane qu’elle viendrait chez lui ;
comme elle tardait, il se débarrassa de son sperme en frottant son sexe avec sa
main, et après cela il renvoya la courtisane arrivée sur les entrefaites, en
disant que sa main avait devancé le chant d’hyménée ». Diogène revendique
haut et fort impudeur et impudence, voyant dans la pudeur une fausse valeur que
la société s’ingénie à inculquer à l’individu pour sauvegarder la morale
sociale.
La Bible, de son
côté, a sa version de la masturbation connue plutôt sous le nom d’onanisme.
Selon la version biblique, notamment tirée de la Genèse[4],
Dieu aurait demandé à Onan d’assurer la postérité à Er, son propre frère, en
épousant sa femme, selon ce que recommande la loi des Égyptiens ou des
Phéniciens. Refusant d’avoir des enfants avec sa belle-sœur, Onan fut condamné
à mort. Lisons, à ce sujet, les propos de Cadaureille (2012 :36) :
qu’Onan, à la mort de son frère Er,
devait épouser la femme de celui-ci selon une ancienne loi des Égyptiens et des
Phéniciens. Il devait «susciter des enfants à son frère» mais, selon la même
loi,
le premier enfant devait porter le nom
du défunt. Onan, détestant la mémoire d’Er, refusa d’avoir des enfants avec sa
veuve et jeta sa semence à terre : «Mais Onan savait que la descendance ne
serait pas à lui; aussi, lorsqu’il allait vers la femme de son frère, il se
souillait à terre, pour ne pas donner descendance à son frère». Le terme souillure est alors utilisé pour
parler de cette semence que l’on ne dépose pas à l’intérieur du vagin, mais que
l’on jette à terre, loin de son corps, comme une ordure ordinaire. Onan fut
condamné à mort, et le poids de cette condamnation semble avoir été investi par
confusion dans le terme d’onanisme (Cadaureille, 2012 : 36).
La condamnation de
Onan est-elle le résultat de la masturbation, ou pour mieux dire du coït
interrompu qu’il a pratiqué ou du moins celui de son refus de respecter la loi
du lévirat qui veut qu’une veuve épouse le frère d’un défunt ? Telle n’est
pas ici notre préoccupation. Car, nous tenons ici de faire un petit historique du phénomène de
la masturbation. Nous n’avons qu’évoqué ce point dans notre article. Déjà, ce
petit retour nous permet de voir que la masturbation remonte même jusqu’à
l’antiquité. Mais, pour bon nombre d’auteurs, c’est au XVIIIème que la
masturbation va faire l’objet de réprobation. Selon Chamayou et Dorlin (2005 :
12), « pendant des siècles, la masturbation, bien que condamné par
l’Église, n’a pas été directement l’objet de réprobation. Pour sa part, Philippe
Brenot (2013 c), s’accentuant sur l’Occident, rapporte que la masturbation a
été violemment condamnée pendant deux siècles en Occident, c’est-à-dire, de la
moitié du XVIIIe siècle à la moitié du XXe siècle.
Auparavant, dit-il, rien de tel. Car, « cet acte dit "solitaire"
était même encouragé au XVIIe siècle par les matrones, les
sages-femmes de l'époque, qui pensaient que cela favorisait la fécondité[5] ».
C’est à partir du
XVIIIème siècle que le statut de la masturbation est réévalué (Chamayou &
Dorlin, 2005 : 12). « Le XVIIIe siècle marque le développement d’une
abondante littérature à caractère médical qui dépeint en terme atroces les
effets nocifs de la masturbation, non seulement pour la santé du corps, mais
aussi pour l’âme » (Chamayou & Dorlin, 2005 : 12). C’est ainsi qu’en France, par exemple, nous dit
les co-auteurs, que médecins, directeurs de consciences, éducateurs ou
philosophes s’accordent sur la nécessité d’endiguer ce mal qui accable la
jeunesse (Chamayou & Dorlin, 2005 : 12).
Pognant (2009), de
son côté, signale qu’« au cours des XVIIIe et XIXe siècles, la
masturbation devint la cause de toutes les maladies inexpliquées ou inexplicables
[….] ». Il poursuit en disant
que « la masturbation, ‘’ce secret qu’à la fois tout le monde partage et
que personne ne reconnaît’’, était jugée comme une pratique répugnante »,
c’est-à-dire « un crime contre
nature qui affaiblissait l’organisme de ceux qui s’y livraient et amoindrissait
leurs capacités intellectuelles et leur volition ». Aussi, selon l’auteur,
dans le même temps, ce phénomène « entraînait des troubles psychiques,
tous troubles qui pouvaient conduire au dépérissement et à rien moins que la
mort ! » (Pognant, 2009). Aujourd’hui encore, c’est-à-dire en
2019, nombreuses sont des églises qui condamnent ce phénomène, considéré comme
une « saleté ». Ainsi, en 2019, un pasteur haïtien, n’avait-t-il pas
sanctionné un de ces fidèles pour une durée d’un (1) an pour avoir pratiqué la
masturbation, qu’il qualifiait de « saleté[6] » ?
Notre objectif ici n’est pas de montrer l’implication profonde ou pour mieux
dire l’immersion totale de certaines religions dans la vie privée de ces
adeptes, mais plutôt de montrer que la masturbation n’est pas et n’était pas
toujours vue de bon œil de l’antiquité à nos jours, c’est-à-dire en 2019.
Comme nous venons
de le souligner plus haut, les écrivains ont clamé pendant plus de deux siècles
que la masturbation menait à la honte, à la répugnance de soi et à des
maladies, en plus d’être considérée comme un péché (Midrez & Raze,
2015 : 40), voire à la mort. L’année
1710[7]
marque un tournant majeur dans l’historiographie de la masturbation, car cette
époque marque une certaine répression vis-à-vis du phénomène suite à la
publication d’une brochure titrée Onania
écrit par un médecin anglais appelé Bekker. L’Onania, un ouvrage dont « la première édition s’adresse
d’abord aux jeunes hommes adolescents », et qui a pour objectif de « valoriser
les valeurs chrétiennes et de décourager le vice
et la saleté, en faisant comprendre
aux masturbateurs la signification de la pratique de l’ « autopollution » (Midrez
& Raze, 2015 : 8). Selon
Androutsos (2005 :73), « toutes les réflexions de l’auteur ne sont
que des trivialités théologiques et morales ». Quant au style, ajoute
l’auteur, il est « à ce point agressif que la brochure connaît un succès immédiat
et qu'elle fait l‘objet de nombreuses rééditions (Androutsos, 2005 :73).
Ainsi, Midrez & Raze, 2015 : 8) avancent en disant que:
L’acte de masturbation y est toujours décrit
comme péché, car il fait offense au Seigneur en allant à l’encontre de la
reproduction dans le cadre marital. Il provoque aussi la mort des relations
conjugales et un risque de ne plus pouvoir procréer. Considéré comme un acte «
contre nature et monstrueux », il est à l’origine de nombreuses conséquences
néfastes, notamment un ralentissement de la croissance chez les enfants et
diverses maladies tout au long de la vie (Midrez & Raze, 2015 : 8).
L’auteur
d’Onania, nous disent Midrez et Raze
(2015 : 8), ne s’adresse pas seulement à la jeunesse (fille et garçon),
mais aussi aux femmes d’âge mur. L’auteur, à travers ses
propos, « fait de l’acte masturbatoire le bouc émissaire idéal en cas de
stérilité du couple, qu’elle soit causée par l’homme ou la femme » (Midrez & Raze, 2015 : 8-9).
C’est ainsi que l’auteur livre des conseils à la fois spirituels et
physiologiques aux masturbateurs qui, selon lui, doivent regretter leur acte, se repentir et
maîtriser leurs corps à travers une vie de « mortification » (Midrez & Raze, 2015 : 9). Donc,
« s’ils n’y parviennent pas, nous disent Midrez et Raze (2015 : 9), l’auteur
préconise la chirurgie génitale. Mais, à ses yeux, « la meilleure solution, selon lui, reste
le mariage ».
Simon Auguste David
André Tissot, docteur suisse, dans
la préface de son texte titré L’Onanisme, ou dissertation physique sur les
maladies produites par la masturbation, publié pour la première fois en
1760, explique, quant à lui, qu’il s’est « proposé de propager la méthode
la plus propre à arrêter les ravages d’une maladie meurtrière, [...] une
corruption plus ravageante peut-être que la petite vérole [...] »
(Pognant, 2009). La date de 1760,
aux dires de Tarczylo (1980 :79), marque la naissance d’une véritable
campagne contre la masturbation. L’auteur se dit prendre une certaine distance
par rapport aux réflexions de Bekker
qui, selon lui, ne sont que des « trivialités
théologiques et morales » (Tarczylo, 1980 : 80). Soulignons
pour mémoire que Tissot est le
premier a utilisé le terme onanisme comme synonyme du mot masturbation, en se
référant à Onania et au péché d’Onân.
« Sous sa plume et celle de ses confrères médecins des XVIIIe et
XIXe siècles, la masturbation devint la mère de toutes les
maladies (l’hémiplégie, les tumeurs, la paralysie générale, la fièvre, le
délire...) » (Pognant, 2009).
Pour Tissot, « en
se livrant à la masturbation, hommes et femmes se détournent de la reproduction
et s’adonnent à un plaisir mortifère, pour eux-mêmes comme pour la nation » (Dorlin,
2005 : 12). À ses yeux, nous disent Chamayou et Dorlin, « la
masturbation […] apporterait à chaque sexe son lot de maladies, comme si ces
dernières venaient punir une pratique condamnée par la pratique » (Chamayou
& Dorlin, 2005 : 12). Donc,
Pour Tissot, la masturbation peut causer une multiplicité de maladies chez surtout
les pratiquants de sexe masculins dont la paresse, la lâcheté, la stupidité,
l’engourdissement, l’imbécilité, la vieillesse prématurée, la mélancolie, les
troubles de vues, l’épilepsie, etc. (Chamayou et Dorlin, 2005 :
12). Toutefois, rapportent Chamayou
et Dorlin (2005 :12-13), les hommes, aux yeux de Tissot, ne sont pas les
seuls exposés aux « dangers » de la masturbation. Cette idée a été
partagée par tous les médecins de l’époque, ajoutent les deux auteurs. Pour les
médecins, la masturbation altère le corps des femmes notamment en
hypertrophiant le clitoris (Chamayou & Dorlin, 2005 : 13). Selon les dires
de Midrez et Raze (2015),
les causes que Tissot évoque sont multiples, mais
son argument principal est qu’un corps en bonne santé évite la « perte séminale
», et, plus largement, équilibre les pertes et gains du corps pour lui
permettre un bon fonctionnement. Tissot propose lui aussi une série de remèdes
pour se débarrasser de « l’habitude funeste » : de l’air pur, un bon régime
alimentaire, un sommeil modéré, de l’exercice, des fortifiants, des bains
froids, etc. Cependant, il s’agit surtout de dépeindre aux jeunes gens les
conséquences mortelles de l’onanisme pour provoquer chez eux la peur, par
exemple à l’aide d’illustrations cauchemardesques de la maladie. Il explique pourtant que
« la femme s’expose aux mêmes dangers ; qu’elle est susceptible des mêmes maux
que ceux des hommes » (Tissot, 1760, p.14 cité par Midrez & Raze,
2015 : 10).
En
un mot, la démonstration de Tissot, pour parler comme Tarczylo (1980 : 80),
est construite sur un discours sur le corps. Donc, il espère détourner le
masturbateur de son vice en montrant ses funestes conséquences sur la santé
mentale. La masturbation érige comme un fléau qu’il faudrait vaincre à tout
prix, pour parler comme Chamayou et Dorlin (2005). Toutefois, l’auteur ne
qualifie jamais la masturbation de péché. Il préfère parler de crime (Carol,
2002 : 159). Il s’agit, selon lui, d’un crime « contre la Nature, en
ce qu’elle ruine l’harmonieux fonctionnement de la machine humaine, et un crime
contre la collectivité, dont elle compromet le développement » (Carol,
2002 : 160). Considérée par les
médecins[8]
comme une épidémie désastreuse, ces derniers ont inventé une multiplicité de
techniques anti-masturbatoires en vue de freiner cette épidémie dont corsets, camisoles
ou fourreaux[9],
surveillance accrue des jeunes hommes et femmes, la chirurgie, l’ablation du
clitoris ou la clitoridectomie, la rééducation par la contrainte physique. Le
pire dans tout cela, c’est que, malgré « l’attitude agressivement hostile
de la société envers la masturbation, et, en même temps le conflit interne de chez
ceux qui s’y livrent », la masturbation persiste et persiste encore. Comment
peut-on expliquer cette persistance ? L’une des raisons expliquant cette
persistance, c’est que « la masturbation, malgré son étymologie, peut-être
pratiquée […] sans le secours des mains » (Chamayou & Dorlin,
2005 : 14). Donc, « plus la surveillance est
intensive et la répression efficace, plus les onanistes sont rusés »,
ajoutent les co-auteurs.
Comme, on peut le
remarquer, « les politiques préventives et l’acharnement des médecins techniciens
de la coercition achoppent ainsi sur un aspect irréductible de la masturbation,
[à savoir] son polymorphisme » (Chamayou
& Dorlin, 2005 : 14). Donc, « ni la surveillance ni la
contrainte physique ne parviennent à circonscrire l’inventivité sexuelle des
jeunes masturbateurs » (Chamayou
& Dorlin, 2005 : 14), tant qu’il existe une multiplicité de
zones d’incertitude. Toutefois, de
nos jours, expliquent Midrez et Raze (2015), il y a une certaine rupture
épistémologique dans la façon dont les médecins concevaient la masturbation. C’est
ainsi qu’elles nous disent que « cette association est moins systématique,
et les médecins savent qu’elle [la masturbation] n’implique aucun risque pour
la santé physique » (Midrez & Raze, 2015 : 40).
Après le Docteur
Tissot vient le célèbre théoricien de l’onanisme spécifiquement féminin, en
l’occurrence Docteur De Bienville. Celui-ci, nous disent Midrez et Raze (2005),
suit les mêmes traces de Tissot, notamment à travers son texte titré La nymphomanie, ou traité de la fureur
utérine de 1771. S’autoproclamant complémentaire de Tissot, De Bienville
(1771 : 95) met l’emphase sur la masturbation féminine. Il présente la
masturbation comme la véritable cause de la nymphomanie. Ainsi, « il
conseille à l’entourage de la « malade[10]
» de l’accabler de reproches, de la surveiller à tout instant (même si elle «
vaque à ses besoins naturels » !), de lui inspirer la peur en lui montrant des
peintures représentant des « funestes conséquences » de l’onanisme » (De
Bienville, 1771 : 95, cité par Midrez et Raze, 2015 : 10).
Après les années 1920, explique Laqueur
(2005), « les interdits liés à la masturbation disparaissent petit à petit
du discours scientifique » (Laqueur, 2005 cité par (Midrez & Raze,
2015 : 13). « Cependant, les non-dits et le tabou autour de cette
pratique persistent. L’opinion publique n’associe pas encore la masturbation à
un acte positif et en parle très peu. Jusque dans les années 1970 règne ainsi
une atmosphère contradictoire » (Midrez & Raze, 2015 : 13). Se
situant dans le champ des conservateurs et pour justifier sa position, Freud
(1987), nous disent Midrez et Raze, 2015 : 13), est d’avis que « la
masturbation entraîne tout d’abord d’éventuels désordres névrotiques par un
mécanisme physique somatique » (Midrez & Raze, 2015 : 13). Aussi,
selon lui, la masturbation est susceptible d’ « engendrer des altérations
de la puissance sexuelle normale » (Midrez & Raze, 2015 : 13).
D’autant plus, « elle est soupçonnée de provoquer divers dommages
psychiques ». Toutefois, « il concède néanmoins plusieurs avantages à
cette pratique : « elle décharge les tensions sexuelles, évite les dangers
d’infection et affaiblit l’agressivité sexuelle, favorisant ainsi la vie en
société » (Midrez & Raze, 2015 : 13).
Hunt (2008), s’accentuant spécifiquement sur la
masturbation féminine, souligne que les féministes anti-Freud de la fin des
années 1960 et du début des années 1970 la défendent comme « le meilleur
accès à l’orgasme féminin » (Midrez & Raze, 2005 : 15). Comme l’a
si bien souligné Molénat[11]
(2009), « au sein du grand public, il faudra attendre 1948 et la
publication du rapport Kinsey, qui établit notamment que 92 % des hommes et
62 % des femmes ont déjà pratiqué la masturbation, pour que les craintes commencent
à disparaître ». L’auteur avance en disant que « le rapport Hite enfoncera le clou en 1976, en montrant
que les femmes usent largement de la masturbation et parviennent facilement à
l’orgasme de cette façon, revendiquant par là une certaine autonomie dans la
recherche du plaisir ».
Comme nous venons de le voir, et, ce, de manière laconique, la
chasse anti-masturbatoire concernerait et la masturbation féminine et la
masturbation masculine. Les masturbateurs et les masturbatrices étaient vus,
aux yeux des médecins, comme étant des malades nécessitant des soins immédiats.
Mais, à bien analyser les critiques apportées contre la masturbation, elles ont
presque toutes déniées de caractères scientifiques et, sont donc basées soit sur
la morale chrétienne soit sur les opinions de certains médecins qui sembleraient
être beaucoup plus sentimentaux que scientifiques. C’est peut-être en ce sens
que Stangers et Van Neck (1985), nous disent Midrez et Raze (2005 : 10),
ont déclaré que « l’entrée des médecins sur le terrain, donne au problème
de l’onanisme une apparence scientifique sérieuse formulée de façon dramatique.
Elle satisfait une attente dans le sens où elle donne une explication aux
maladies incurables et inconnues ». Autrement dit, pour parler comme
Mazaurette[12] (2016), les divers obstacles rencontrés par la masturbation
seraient basés sur l’idée selon laquelle « la masturbation ne reproduit pas
l’espèce », et, donc, « ne conforte pas la norme du couple
tout-puissant ». Ainsi, « sa gratuité serait anti-sociale ». D’autant
plus, comme l’a si bien dit James Baldwin[13], nous
vivons dans un monde où « le simple fait de n’être pas comme les autres […] de
la bonne orientation sexuelle, d’être différent, […] d’avoir des goûts, des
aspirations qui ne répondent pas aux normes sociales dominantes, vous conduit à
vous sentir coupable ».
Étant
considéré comme une sodomie, c’est-à-dire un acte contre Nature, la
masturbation a connu une répression qu’il semble ne pas pouvoir se défaire.
« Faut-il dire, pour répéter Pognant (2009) que nos sociétés
contemporaines portent encore, [ou pour mieux dire, trainent encore après
elles] les stigmates insidieux de cette pathologisation outrancière de la
masturbation? Le cas du pasteur haitien
sus-mentionné est un exemple probant.
Passons maintenant
aux points de vu de nos répondants sur leur perception de la pratique de la
masturbation notamment au sein de la société haïtienne. Disons au préalable
qu’un tel travail n’aurait presqu’aucune valeur s’il ne tenait pas compte de la
perception des jeunes sur le phénomène étudier. C’est ainsi que pour réaliser
ce travail, nous avons consulté non seulement des travaux antérieurs sur la
thématique en question, mais aussi nous avons recueilli des donné subjectifs
auprès de cinq (5) jeunes dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince dont
trois (3) filles et trois (2) garçons. Ainsi, nous avons élaboré une grille
d’entretien qui dure entre 20 et 40 minutes. Laquelle grille a été soumise à
travers les réseaux sociaux comme WhatsApp et Facebook. Les questions ont été
posées en langue créole.
Il faut souligner
qu’il n’était pas du tout facile de recueillir les données, car la grande
majorité des jeunes que nous avons consulté ne veut prononcer un mot sur le
phénomène sous étude, soit à cause de leur foi chrétienne soi de la crainte,
etc. D’autres ne veulent pas argumenter, pour une raison ou pour une autre. Mais,
nous pensons que l’effectif ne pose pas réellement de graves problèmes car,
selon Danielle Ruquoy (1995), dans les études qualitatives, la question de la
représentativité, au sens statistique du terme, ne pose aucun problème.
Puisque, aux yeux de l’auteur, « le critère qui détermine la valeur de
l’échantillon devient en adéquation avec les objectifs de la recherche en
prenant comme principe de diversifier les personnes interrogées et en vérifiant
qu’aucune situation importante n’a été oubliée ». Pour présenter les données, comme
nous l’avons si bien promis à nos répondants et répondantes dans la grille
d’entretien, nous allons cacher l’identité nous allons utiliser des Pseudonymes
en vue de cacher leur identité. La traduction française est de nous.
Pour Johanne, la
masturbation n’est pas bonne et pour l’âme et pour l’esprit. De plus, elle est
contraire aux préceptes bibliques. Lisons ses propres mots :
Nan
je m, li [mastibasyon] trè movè. M pa pratike l, sèl sa m ka di. Li pa bon pou
nanm ak lespri. Labib kont sa. Konviksyon m pa poèmèt mwen pratike l. Si m
pratike l, li ka gen enpak sou sante espirityèl mwen. M ka pèdi ekilib ant jwi
pou kòm oubyen [jwi] ak yon patnè (Pwotestan, Syans
Jiris, selibatè, 25 dawou 2019).
À mes
yeux, c’est très mauvais. Je ne la pratique pas, c’est tout ce que peux dire. C’est
mauvais pour l’âme et l’esprit. La Bible est contre ça. Si je la pratique, elle
peut avoir des impacts sur ma santé spirituelle. Je peux perdre l’équilibre
entre jouir seule et jouir avec un partenaire (Protestante,
Juriste, Célibataire, 25 Août 2019).
Les propos de Johanne
nous permettent de dire que la masturbation peut avoir des impacts négatifs sur
la foi chrétienne d’un individu. Aussi, elle peut causer un déséquilibre sexuel.
Donc, à ses yeux, la masturbation est très mauvaise.
Sandra, quant à
elle, la masturbation n’est pas du tout mauvaise. Elle peut être due à
l’absence d’un partenaire. Aussi, elle peut aider les pratiquants à connaître
leurs corps. D’autant plus, elle n’a rien à voir avec le niveau d’éducation
d’un individu. Mais, à son avis, une personne qui reçoit une bonne éducation a
moins de chance de se masturber qu’une autre qui n’en a pas reçu. Elle nous a
répondu ainsi :
Sa
pral depann de ki plezi moun la retwouve nan mastibasyon an. Jeneralman, se
moun ki p ap viv ak mennaj yo ki pratike l. Li pa gen anyen awè ak nivo
edikasyon yon moun. Sofke, selon mwen menm, yon moun ki resevwa yon bon
edikasyon seksyèl gen anpil chans pou l pa pratike l ke yon lòt ki pa resevwa (Pwotestan, Edikatris, selibatè, 26 Dawou 2019).
Tout
dépend du plaisir retrouvé dans la masturbation. Généralement, ce sont les gens
qui vivent loin de leurs partenaires qui
la pratiquent. Elle n’a rien à voir au niveau d’éducation d’une personne. Sauf
que, à mon avis, une personne qui reçoit une éducation sexuelle a beaucoup de
chance de ne pas la pratiquer qu’une autre qui n’en a pas reçoit (Protestante, Éducatrice, Célibataire, 26 Août 2019).
Donc, pour Sandra,
la masturbation concernerait les gens qui vivent loin de leur partenaire. Mais,
contrairement à ce que Sandra pourrait penser, vivre prêt de votre partenaire
n’élimine pas pour autant la masturbation.
Pour Marie Flaure, étudiante
en Psychologie, la masturbation peut être découlée d’un problème génétique ou
de la personnalité du pratiquant. Lisons ses propos :
Mastibasyon
an kapab yon pwoblèm jenetik. E sa kapab depann de enfliyans sosyal moun k ap
pratike l la. Oubyen sa ka vin dirèkteman de pèsonalite moun k ap pratike la. M
konprann li kòm yon fason yon moun fè pou l reponn ak bezwen seksyèl li nan
moman li pa ka jwenn yon patnè ki pou satisfè l nan relasyon an (Katolik, etidyant nan sikoloji, selibatè, 26 dawou 2019).
La
masturbation peut être génétique. Et, cela peut être lié à l’influence sociale
de la personne qui la pratique. Ou, ça peut découler directement de la
personnalité de la personne qui la pratique. Je la comprends comme une méthode utilisée
par quelqu’un en vue de répondre à son besoin sexuel au moment où il ne peut
trouver aucun partenaire pour satisfaire ses désirs sexuels dans une relation (Catholique,
étudiante en Psychologie, Célibataire, 26 Août 2019).
Marie Flaure
poursuit son propos pour dire que la masturbation est un péché et qu’elle n’a
rien de positif. Car, à son avis, elle peut conduire à l’addiction, à l’insatiabilité,
au masochisme. Elle peut même affecter un couple. Lisons plutôt son propos:
Daprè
mwen, li [mastibasyon] pa gen avantaj paske lè w pratike l twòp, li vin tounen
yon abitid. E, aprè w pral tonbe nan sa yo rele adiksyon, ensasyabilite,
mazochis. Li kapab tou afekte moun lan, pèsonalite l, relasyon seksyèl li
anndan yon koup (Katolik, etidyant nan sikoloji,
selibatè, 26 dawou 2019).
D’après
moi, la masturbation n’a aucun avantage, car quand on la pratique trop, ça
devient une habitude. Et, après, vous aller tomber dans l’addiction, l’insatiabilité,
le masochisme. Ça peut aussi affecter la personne en question, sa personnalité,
sa relation sexuelle au sein d’un couple (Catholique,
étudiante en Psychologie, Célibataire, 26 Août 2019).
Aux dires de Marie
Flaure, tout le monde est susceptible de pratiquer la masturbation. Tout
dépend, dit-elle, de l’éducation sexuelle de l’individu, de son environnement,
etc. Donc, selon elle, l’éducation familiale, le type d’école fréquenté, la
religion jouent un rôle important en ce sens qu’ils diminueraient le risque de
tomber dans la masturbation. Elle nous a répondu ainsi :
Tout
moun ka pratike l. Pa gen yon kategori byen espesifik. Sa depann de edikasyon
seksyèl moun lan e tou anviwonnman l. Edikasyon familial jwe anpil sou kesyon
sa a. Yon moun ki gen chans paran l byen edike, e li menm tou, li resevwa yon
bon edikasyon vin mete sou kalite lekòl li frekante, sèk relijye l, sa ka pèmèt
li gen anpil chans pou l pa tonbe nan mastibasyon. Men, sa kip a toujou rive
fèt (Katolik, etidyant nan sikoloji, selibatè, 26
dawou 2019).
Tout
le monde peut la pratiquer. Il n’y a pas une catégorie bien spécifique. L’éducation
familiale joue un grand rôle en la matière.
Quelqu’un qui a la chance d’avoir un parent éduqué, et que lui aussi, il
reçoit une bonne éducation, à cela s’ajoute son école fréquentée, la religion à
laquelle elle s’affilie, tout ceci peut aider cette personne à ne pas tomber
dans la masturbation (Catholique, étudiante en
Psychologie, Célibataire, 26 Août 2019).
Donc, pour Marie
Flaure, être bien éduqué/e tant spirituellement que socialement, est un moyen
sûr de ne pas tomber dans la masturbation. Toutefois, Marie Flaure ne voit pas
pourquoi on a toujours projeté un regard négatif sur la masturbation. Car selon
elle, cette pratique n’est pas du tout mauvaise en soi. Lisons son témoignage :
M pa
wè sa ki fè moun yo toujou gen yon rega
negatif sou mastibasyon. Fenomèn mastibasyion an pa movè an swa, men se
pèsepsyon moun yo, relijyon yo, edikasyon yo ki fè chak moun wè l yon fason (Katolik, etidyant nan sikoloji, selibatè, 26 dawou 2019).
Je ne
vois pourquoi on dégage toujours un regard négatif sur la masturbation. Le
phénomène de la masturbation n’est pas mauvais en soi, mais c’est la perception
qu’ont les gens, leurs religions, leur éducation qui font que les gens l’ont vu
ainsi (Catholique, étudiante en Psychologie,
Célibataire, 26 Août 2019).
À bien lire le discours
de Marie Flaure, on peut remarquer une certaine contradiction dans ses propos. Car,
elle nous dit, d’une part, que la masturbation n’est pas du tout bonne, car
elle peut conduire à l’addiction, au masochisme, etc. D’autre part, elle nous
dit que la masturbation n’est pas du tout mauvaise en soi. De plus, selon
l’enquêtée, il serait important de lutter contre les mauvaises perceptions que
l’on a souvent de la masturbation. Pour ce faire, dit-elle, nous devons
cultiver, la tolérance, le respect mutuel. Voici ce qu’elle nous dit :
Pou
nou konbat sa [movèz pèsepsyon moun gen sou mastibasyon], se tolerans ak respè
pou nou genyen. Se kapab chwa yon moun, konsa tou se kapab konsa li ka enkonsyaman
(Katolik, etidyant nan sikoloji, selibatè, 26 dawou
2019).
Pour
lutter contre cela [contre la mauvaise perception qu’ont les gens sur la
masturbation], on doit développer la tolérance et le respect. Elle [la
masturbation] peut être un choix ou un acte inconscient (Catholique, étudiante en Psychologie, Célibataire, 26 août 2019).
Daniel, de son
côté, semble n’avoir aucun problème avec la masturbation. Selon lui, la
masturbation permet à l’individu masturbateur de se connaître, c’est-à-dire de
connaître son corps. D’autant plus, elle permet de combler le vide qui pourrait
exister entre un individu et son partenaire. C’est ainsi qu’il nous dit qu’il
se masturbe parce qu’il y trouve du plaisir et aussi pour se libérer. À ses
yeux, la masturbation engendre une bonne endurance sexuelle. Voici ses
propos :
Mastibasyon
se yon bon fenomèn pou mwen menm. Se pa tout fwa ou konn gen fi bò kote w. E,
se pa t tout lè tou pou se yon fi k ap di w dous. Ou dwe konn tèt ou, konnen si
ou dous tou. Mwen menm, pèsonèlman, sa
ki pouse m mastibe, se plezi mwen jwenn nan sa. Mwen vle libere tèt mwen. Anplis, li pèmèt ou dire (San relijyon, Nivo inivèsitè, selibatè, 25 dawou 2019).
La
masturbation, pour moi, est bonne. Car, ce n’est pas tout le temps qu’on a une
fille à ses côtés. Aussi, ce n’est pas tout le temps pour que ce soit une fille
qui vous dise que vous êtes doux. Vous devez vous connaître vous-même, savoir
vous-même, si vous êtes doux. Moi, personnellement, ce qui me pousse à
masturber, c’est le plaisir que je trouve en le faisant. Je veux me libérer. En
plus, la masturbation nous permet d’avoir une bonne endurance (Aucune religion, Niveau Universitaire, Célibataire, 15 Août 2019).
Donc, pour Daniel, la
masturbation permet de connaitre notre univers corporel et de se libérer. Il avance
pour dire que les conséquences de la masturbation lui importent peu. Ce qui lui
intéresse, c’est le juste moment pour se masturber. Daniel avance qu’il entend
souvent dire de la masturbation qu’elle est mauvaise pour la santé et que Dieu
la condamne. Mais, le passage interdisant ce phénomène, selon lui, reste
toujours inconnu. Toutefois, nous dit Daniel, après s’être masturbé, il ressent
de la migraine. Lisons son témoignage :
Yo
toujou di mastibasyon pa bon pou sante moun, Bondye pa vle sa. Men, m pa janm
konn nan ki pasaj biblik yo jwenn sa. Mwen, m pa gade sou sa pou m mastibe. Mwen
pa bezwen konn konsekans lan. Mwen jis bezwen konn moman an. Sèl ti pwoblèm li
konn ban mwen, pafwa lè m fin fè sa, li konn fè tèt mwen ap fè m mal (San relijyon Nivo inivèsitè, pa gen mennaj, San relijyon, 25 dawou 2019).
On
dit toujours que la masturbation n’est pas bonne pour la santé de l’Homme. Mais,
je n’ai jamais su dans quel passage biblique qu’on a trouvé ça. Moi, je m’en fous de ça. Je me masturbe. Je
n’ai pas besoin de savoir sa conséquence. J’ai juste besoin de connaître le
moment. Seul problème que je rencontre parfois avoir me masturber, c’est la
migraine (Niveau Universitaire, Aucune religion, Célibataire, 15 Août2019).
Donc, à litre ce
témoignage, on peut constater que, les idées reçues, les préjugés autour de la
masturbation semblent n’ont aucun effet sur la perception de l’enquêté vis-à-vis
du phénomène. D’autant plus, la masturbation lui donne de la migraine.
Aux dires de
Daniel, tout le monde peut pratiquer la masturbation. Quel que soit sa
religion, son niveau d’éducation, etc. Seuls ceux qui n’ont pas encore de
l’esprit pour la pratiquer ou qui ne peuvent pas être en érection peuvent ne
pas pouvoir la pratiquer.
Tout
kategori moun ka pratike mastibasyon. Ti
moun kou granmoun. Sèl ti granmoun ki pa
ka bande m ka retire nan kategori sa a ak ti moun ki poko gen lespri pou sa. Aprèsa,
depi w konn gen dezi seksyèl, li posib pou w mastibe (Nivo inivèsitè, Gen
mennaj, san relijyon, 25 dawou 2019).
Toutes
les catégories sociales peuvent pratiquer la masturbation. Enfants comme
adultes. Seuls les enfants ne pouvant pas entrer en érection que je peux
retirer de cette catégorie ainsi que les enfants qui n’ont pas encore assez
d’esprit. À part ça, quiconque a l’habitude d’avoir de désirs sexuels, ont la
possibilité de se masturber (Aucune religion, Niveau
Universitaire, Avoir une opine, 15 Août 2019).
Daniel est
convaincu qu’avoir un partenaire ne supprime pas en soi la masturbation. Pour
lui, le regard négatif qu’on a souvent vis-à-vis de la masturbation relève de
l’égocentrisme. L’enquêté croit qu’il faut cesser de bannir le phénomène en
question. De plus, à ses yeux, la masturbation ne concerne pas uniquement les
célibataires. Lisons son témoignage :
Gen
yon patnè pa anpeche yon moun mastibe pou sa. Mwen, m gen mennaj, sa pa anpeche
m mastibe. Pafwa, se paske m panse ak mennaj mwen ki fè m mastibe. Se moun ki
egosantrik ki chache bani mastibasyon.
Moun sa yo dwe sispann bani fenomèn sila a nan diskou yo paske moun k ap
pratike l yo pa deranje pèsonn. Yo gen dwa sa a paske kò yo rele yo chè mèt chè
mètrès (Nivo inivèsitè, Gen mennaj, san relijyon, 25
dawou 2019.
Avoir
un partenaire n’empêche pas qu’une personne se masturbe. Moi, j’ai ma copine,
alors que je me masturbe. Parfois, c’est parce que je pense à ma copine que je
me masturbe. Ce sont les égocentriques qui cherchent à bannir la masturbation. Ces gens doivent cesser de bannir le phénomène
dans leurs discours parce que ceux qui le pratiquent ne dérangent en rien les
autres qui ne le pratiquent pas. Ils ont ce droit, car leurs corps leurs appartiennent (Aucune
religion, Niveau Universitaire, Avoir une copine, 15 Août 2019).
En gros, les
témoignages que nous venons de passer en revue, nous permettent de mieux
comprendre la perception et la motivation de certaine personne vis-à-vis de la
masturbation notamment au sein de la société haïtienne. Si pour certains, la
masturbation n’est pas du tout une bonne pratique, donc pour d’autres, elle a
une importance capitale. Donc, le tabous autour de la masturbation n’ont
pas disparus. Selon notre petite enquête, plus l’individu est lié à une
religion, plus il développe un mauvais regard vis-à-vis de la masturbation. D’autant
plus, contrairement aux filles, les garçons participant à notre enquête ne se
sentent aucun gêne d’affirmer qu’ils ont l’habitude de se masturber.
Que disent les
médecins sur le phénomène de la masturbation ? Il faut dire que nous
n’avons pas pu trouver un médecin pouvant nous donner leur point de vue sur le
phénomène de la masturbation, malgré nos diverses démarches. Tous les médecins
consultés nous ont refusé la demande. « Je ne suis pas disponible »,
telle est la raison qu’ils/elles ont avancée. Mais, pour combler ce vide, nous
allons considérer les points de vue de certains spécialistes en médecine sur la
masturbation notamment dans la rubrique Priorité
de santé sur rfi[14],
animée par Claire Hédon. Il faut noter que nous ne prenons pas pour recette
l’avis des médecins sur le phénomène sous étude. Toutefois, il est tenu jusqu’à
la preuve du contraire. Car, en sciences humaines et sociales, il n’y a pas qu’une
seule vérité, et, donc, il n’y a pas de vérité absolue.
Commençons avec le
point de vue du Docteur Catherine Solano. Pour cette sexologue, la masturbation
peut être bénéfique, mais pas dans tous les cas.
Oui,
elle [la masturbation] peut être bénéfique, mais pas toujours, en particulier
dans le cas où ça devient une compulsion, c’est-à-dire une addiction […] Du
coup, il y a des personnes qui pratiquent la masturbation [….] dix, quinze,
vingt fois par jour et ça peut aller jusqu’à abimer son corps (Catherine Solano, Sexologue, Priorité
Santé sur rfi, 11 mai 2017, 02 mn :
02 s).
La sexologue avance
pour dire que la masturbation n’a rien avoir avec la perversion, mais plutôt quelque
chose qui est importante pour notre équilibre. Car, elle permet de mobiliser
des fantasmes. Lisons plutôt son point de vue :
Souvent,
c’est bénéfique. Pourquoi ? Parce que, déjà, dans la masturbation,
l’imaginaire érotique s’active ; et, c’est très important d’avoir un
imaginaire érotique pour avoir une sexualité de couple épanouie. Donc, ça
entraine à mobiliser des fantasmes, des pensées sexuelles érotiques ; et,
c’est une chose qui est très importante pour notre équilibre. C’est pas du tout
quelque chose de pervers. C’est important (Catherine
Solano, Sexologue, Priorité Santé sur
rfi, 11 mai 2017, 02 mn : 02 s).
Elle avance pour
montrer que seule la masturbation naturelle est importante. Car, quand on se
masturbe en regardant la pornographie, ça n’active pas l’imaginaire érotique,
lequel imaginaire érotique est immensément important, comme nous l’avons déjà
souligné, pour notre équilibre. Lisons sa déclaration :
Et,
donc, quand je dis ça, ça veut dire que la masturbation via naturelle, c’est
bon. Quand on regarde de la pornographie, c’est différent parce que ça n’active
pas l’imaginaire érotique de la même manière. […] Donc, c’est bien mieux de
pratiquer la masturbation avec son imaginaire (Catherine
Solano, Sexologue, Priorité Santé sur
rfi, 11 mai 2017, 02 mn : 02 s).
Solano enchaine en
infirmant avec force l’hypothèse selon laquelle la masturbation rend malade,
rend sourd, rend stérile. Pour elle, la masturbation est naturelle, et donc,
normale. Lisons sa déclaration :
Pendant
des siècles, on dit que ça rend malade, ça rend sourd, ça rend stérile […],
tout ça, c’est n’importe quoi. Ça n’apporte aucun problème, […] donc, […] c’est
une pratique naturelle tout simplement (Catherine
Solano, Sexologue, Priorité Santé sur rfi, 11 mai 2017, 02 mn : 02 s).
Dans une autre émission
réalisée en 2014, toujours avec Claire Hédon, Catherine Solano a déclaré que
c’est tout à fait normal de se sentir mal à l’aise avec s’être masturbé.
Le Docteur Philipe Brenot[15],
lors de sa participation à l’émission Priorité
de santé sur rfi en 2013, a déclaré que la masturbation ne donne aucune
maladie. Au contraire, selon lui, elle participe à la construction de la
sexualité (Brenot, 2013 a). Cette idée est partagée par la journaliste et
écrivaine Elisa Brune[16].
Toujours selon Brenot, les clichés qu’on a de la masturbation ne datent pas
d’hier. Ils viennent de deux siècles d’interdiction de la masturbation notamment
en Occident. Dans son livre titré Nouvel
éloge de la masturbation, Brenot (2013 b : 110 ), a déclaré qu’au lieu
d’être une souillure, la masturbation est surtout « une somptueuse rencontre
avec soi qui n’exclut rien des autres modes de la sexualité et leur procure au
contraire une liberté inaccessible ». Dans cet ouvrage, l’auteur fait
l’éloge de la masturbation contre les préjugés, les ignorances et les idées
préconçues.
Il en résulte de que, contrairement
à ce qu’on pourrait penser, la masturbation, que ce soit masculine ou féminine,
n’est pas une anomalie. Au contraire, elle est la clé d’une sexualité épanouie.
Seule une pratique excessive peut être considérée comme une anomalie (Solano,
2014). Se masturber participe à une forme d’apprentissage de son corps et une
maîtrise de sa sexualité. Pourtant, dans nos contemporaines, alors que la
masturbation ne cesse d’être ‘’technologisée[17]’’
(Kraus, 2017), les stéréotypes vis-à-vis d’elle persistent encore. Donc, nos sociétés
contemporaines trainent après elles les stigmates de cette « période noire[18] »
qu’a connu la masturbation par le simple fait qu’elle [la masturbation]
s’écarte de la norme. « Le Christianisme y voit un acte contre nature qui
éloigne du devoir conjugal » (Molenat, 2009).
Pour Mazaurette (2016), il est une impérieuse nécessité de
redonner à la masturbation, qu’elle qualifie de l’art manuel, « ses
lettres de noblesses ». À son avis, « nous arrivons rarement vierges le
jour de la perte de notre virginité ». Car, dit-elle, « sur la page
blanche de notre corps, nous avons déjà donné de vigoureux coups de poignet.
Pour notre bénéfice, mais aussi celui de nos amants, de nos futurs conjoints,
de la société tout entière ». L’auteur est d’avis que nous devons
cesser « de répandre l’idée que se toucher soit un pis-aller ». Car,
selon elle, « non seulement les personnes en couple [la] pratiquent, mais
aussi les personnes âgées et les baby-boomers. Au temps, dit-elle, pour le
« truc de gamin » ! […] « Connais-toi toi-même »,
jusqu’au bout des phalanges? ». L’auteure va jusqu’à nous dire qu’« il
faudrait en outre cesser de parler de plaisir égoïste ». Car, « nous
sommes nos premiers partenaires sexuels ». Donc, selon elle, « avant
de reproduire l’espèce, il faut bien que nous nous entraînions », car, se demande
l’auteure, « si nous n’apprenons pas le plaisir et la manipulation de nos
propres organes, quelle motivation aurions-nous à faire grimper nos partenaires
aux rideaux ? ».
On ne saurait
terminer cet article sans apporter des petites précisions. Contrairement à ce
qu’on pourrait penser, cet article ne vise ni une apologie de la masturbation
ni non plus une attitude peccamineuse vis-à-vis d’elle. Aussi, le fait
d’écrire, par exemple, sur la masturbation, sur l’homosexualité, cela ne fait
pas automatiquement de vous un/e masturbateur/trice ou un/e homosexuel/le. D’ailleurs,
la sociologie, discipline hautement scientifique, nous donne la possibilité de
produire des réflexions sur n’importe quelle thématique, pourvu que la
thématique nous intéresse. Car, en tant que sociologue, comme l’aurait dit
Georges Simmel, “notre devoir n’est ni d’accuser ni de pardonner, mais
seulement de comprendre”. Tout ceci pour dire que notre objectif dans ce
travail est de donner aux lecteurs/trices quelques pistes pour qu’ils/elles
puissent creuser plus loin que nous et autrement la question de la
masturbation.
À tous/tes mes amis/es qui m’ont toujours encouragé à produire une
réflexion sur la masturbation !
Mozart SAINT FLEUR, Sociologue
Février 2020
©All Rights Reserved
- FIN DE L'ARTICLE-
BIBLIOGRAPHIE
ANDRÉ, Béjin. 1993. « La masturbation féminine : un exemple
d'estimation et d'analyse de la sous-déclaration d'une pratique ». Population, 48 (5), pp. 1437-1450.
ANDROUTSOS, Georges. 2005.
« De l’onanisme à la masturbation : Une note historique ». Andrologie 15 (1), pp.71-79.
BOURDIEU,
Pierre. 1999. « La sociologie
dérange, en dévoilant les mécanismes invisibles par lesquels la domination se
perpétue. Entretien : Pierre
Bourdieu répond aux questions de Francis Guillout. Novembre 1999, L'Université syndicaliste Magazine, n°510 (SNES).
BOURDIEU, Pierre. 2009. « Une science qui dérange », Entretien avec
Pierre Thuillier, La Recherche, n° 112, juin 1980, 738-743 in BOURDIEU, Pierre.
2009. Questions de sociologie, Paris : Les Éditions de Minuit.
BRENOT, Philippe. 2004. Dictionnaire
de la sexualité humaine. France : Esprit du temps.
BRENOT, Philippe & BRUNE, Elisa. 2013 a. « Masturbation, le
grand tabou ? ». Entretien réalisé avec Claire Hédon sur rfi
/Priorité santé, 3 décembre. Durée : 19 mn : 30 s. URL : <http://www.rfi.fr/emission/20131203-1-masturbation-le-grand-tabou>.
BRENOT, Philippe. 2013 b. Nouvel
éloge de la masturbation. Paris : Esprit du temps. Collection :
« Textes essentiels ».
BRENOT, Philippe. 2013. « Nouvel éloge de la masturbation »
URL : <https://www.eyrolles.com/Loisirs/Livre/nouvel-eloge-de-la-masturbation-9782847952612/>.
Consulté le 20 août 2019.
CADAUREILLE, Céline. 2012. « Jeux de mains… jeux de vilains : la
masturbation dans l’œuvre de P. Meste, de V. Acconci et de P. Sorin ».
Inter, (112), 36–39.
CAROL, Anne. 2002. « Les médecins et la stigmatisation du vice
solitaire (fin XVIIIe-début XIXe siècle) ». Revue d’histoire moderne & contemporaine 1 (49), pp. 156-172.
DAMON, Julien. 2005. « La pensée de…Georges Simmel
(1858-1918 ». Dans informations
sociales 3 (123). URL: <https://www.cairn.info/revue-informations-sociales-2005-3-page-111.htm#>.
DE BIENVILLE, M.D.T. 1771. La
nymphomanie, ou traité de la fureur utérine. Paris : Office de librairie.
DESHOMMES, Charlemagne. 2019.
« Un chrétien sanctionné par son pasteur pour masturbation ». La
nouvelle, 31 juillet. URL : <http://lanouvelle-haiti.net/index.php/2019/07/31/un-chretien-sanctionne-par-son-pasteur-pour-masturbation/?fbclid=IwAR1oBmolnhue0w2Uy14tOz-qQ60F8wXI0SOoI
cBTK1V5azhETIWCehHS2E>. Consulté le 6 août 2019.
DORLIN, Elsa, CHAMAYOU, Grégoire. 2005. « La masturbation
réprimée ». Pour la science-Présence de l’histoire, No 338, pp.12-14.
DURKHEIM, Émile. 1894. Les règles de la méthode sociologique. Paris, PUF.
GIRAUD, Frédérique Giraud. 2009. « Michel Bozon, Sociologie de la sexualité », Lectures [En ligne], Les comptes rendus,
mis en ligne le 25 septembre 2009, consulté le 13 septembre 2019. URL: < http://journals.openedition.org/lectures/797>.
FREUD, Sigmund. (1987). Trois essais sur la théorie de la sexualité. Paris:
Gallimard.
GOULET-CAZÉ, Marie-Odile.2005. Marie-Odile Goulet-Cazé, « Le cynisme ancien et la sexualité », Clio. Histoire‚
femmes et sociétés, 22, pp. 17-35.
GUDELUNAS, David. (2005). Talking
taboo. Sexuality & culture, 9(1), 62-87. Doi : 10.1007/BF02908763.
HARANG, Laurence. 2010. « Pierre Bourdieu, Roger Chartier, Le
sociologue et l'historien », Lectures [En ligne], Les comptes rendus, 2010, mis en ligne le
26 février 2010, consulté le 07 août 2019. URL: <http://journals.openedition.org/lectures/938>.
Hunt, J. 2008. Osez… la
masturbation féminine. Paris : La musardine.
JEAN, Stengers & VAN NECK, Anne.
1984. Histoire d’une grande peur, la masturbation, 1re éd.
Bruxelles : édition de l’Université de Bruxelles, rééd. Pocket, coll.
« Agora », 2000.
KRAUS, François.2017. « La pratique de la masturbation chez les
femmes : la fin d’un tabou ? » Sexologies,
26 (4), p.191-1984, Octobre-Décembre 2017. DOI: 10.1016/j.sexol.2017.09.008.
LAQUEUR, Thomas. 2005. Le sexe en solitaire : Contribution à
l’histoire culturelle de la sexualité. Paris : Gallimard. Trad. de
l’anglais par Pierre-Emmanuel Dauzat. . (Œuvre originale publiée en 2003)
MAZAURETTE, Maïa . 2016.
« Et si on prenait enfin la masturbation au sérieux ? ». Le
Monde, 02 octobre 2016, mis à jour le 03 octobre 2016. URL: <https://www.lemonde.fr/m-perso/article/2016/10/02/et-si-on-prenait-enfin-la-masturbation-auserieux_5006838_4497916.html>. Consulté le 22 août 2019.
MIDREZ Isabelle & RAZE Cécile. 2015. Des représentations sociales contemporaines de la masturbation féminine
en Occident : « Comment la masturbation féminine est-elle perçue dans
notre société ? Amour de soi ou abus de soi ? ». Université Catholique de
Louvain. Faculté de Psychologie et Sciences de l’Éducation. Mémoire présenté en
vue de l’obtention du grade de master en sciences de la famille et de la
sexualité, à finalité spécialisée. Publié.
MOLÉNAT, Xavier. 2009. « Masturbation : Histoire d’une
panique morale ». Sciences Humaines,
Nov-Déc 2009. Le sexe dans tous ses états (Hors-Séries), No 10. URL :
< https://www.scienceshumaines.com/masturbation-histoire-d-une-panique-morale_fr_24447.html>.
Consulté le 2 août 2019.
PINTO, Roger & GRAWITZ,
Madeleine. 1967. Méthodes des
sciences sociales. Paris: Deuxième édition, Dalloz.
POGNANT, Michaæl. 2003. « La
lutte de l’adolescent contre la masturbation ». Traduit et présenté par
Michelle Moreau-Ricaud. Topique 1 (82),
pp.159-176.
POGNANT, Patrick.2009. Les interdits hors la loi : La
répression institutionnelle et médicale de la sexualité (1850-1930 ».
Droit et cultures [En ligne], No1, mise en ligne le 10 septembre 2009.
URL : < https://journals.openedition.org/droitcultures/1301>.
Consulté le 2 août 2019.
REBREYEND, Anne-Claire.2010. « Thomas LAQUEUR, Le sexe en solitaire.
Contribution à l’histoire culturelle de la sexualité », Clio. Femmes, Genre,
Histoire [En ligne], 31, mis en ligne le 21 juin 2010, consulté le 03 mai 2019.
URL : <http://journals.openedition.org/clio/9763>.
ROUQUOY, Danielle. 1995. « Situation d’entretien et stratégie de
l’interviewé ». In ALBARELLO, L, et. al. 1995. Pratiques et
méthodes de recherches en sciences sociales. Paris : Armand Collin, « Cursus ».
SINGY, Patrick. 2006. « La masturbation a-t-elle une
histoire ? », Critique No
708, p.439-447.
SOLANO, Catherine. 2014. « Sexualité : La masturbation ».
Entretien réalisé avec Claire Hédon sur
rfi/ Priorité santé, 9 octobre 2014. Durée : 46mn : 00 s. URL :
<http://www.rfi.fr/emission/20141009-sexualite-masturbation>.
SOLANO, Catherine. 2017. « La masturbation peut-elle être
bénéfique ? ».Entretien réalisé avec Claire Hédon sur rfi/ Priorité
santé, 11 mai 2017, modifié le 11 mai 2017 à 15 heures 58. Durée :
02 mn: 02 s. URL : <http://www.rfi.fr/emission/20170511-clone-of-masturbation-peut-elle-etre-benefique-catherine-solano-sexualite>.
STENGERS, J.,
& VAN NECK, A.1985. Histoire
d'une Grande peur, la masturbation. Bruxelles : Université de Bruxelles.
TISSOT, Samuel Auguste. [1764] 1980. L’onanisme : Dissertation sur les
maladies produites par la masturbation. Paris: Le Sycomore.
TARCZYLO, Théodore. «Prêtons la main à la nature... » I. L'Onanisme de
Tissot. In: Dix-huitième Siècle, n°12, 1980. Représentations de la vie
sexuelle. pp. 79-96; DOI : https://doi.org/10.3406/dhs.1980.1269. URL : <https://www.persee.fr/doc/dhs_0070-6760_1980_num_12_1_1269>.
Mozart SAINT FLEUR, Sosyològ.
mozartsaintfleur@yahoo.fr
(+509) 3865-3413
[1] Il faut souligner que même dans une vie sexuelle normale, nous
n’écartons pas la possibilité que la masturbation puisse être présente.
[2] Michel Bozon, cité par
GIRAUD, Frédérique Giraud. 2009. « Michel Bozon, Sociologie
de la sexualité », Lectures [En ligne], Les comptes rendus, mis en ligne le 25
septembre 2009, consulté le 13 septembre 2019. URL :
http://journals.openedition.org/lectures/797.
[3]Voir à ce sujet, DAMON, Julien. 2005. « La pensée de…Georges
Simmel (1858-1918 ». Dans
informations sociales 3 (123). URL : https://www.cairn.info/revue-informations-sociales-2005-3-page-111.htm#.
[4] Genèse 38 : 7-9, Trad. Œcuménique, 1988.
[5] Voir : (https://www.eyrolles.com/Loisirs/Livre/nouvel-eloge-de-la-masturbation-9782847952612/,
consulté le 20 août 2019.
[6] Voir à ce sujet, DESHOMMES, Charlemagne. 2019. « Un chrétien sanctionné par son pasteur
pour masturbation ». La nouvelle.
URL : http://lanouvelle-haiti.net/index.php/2019/07/31/un-chretien-sanctionne-par-son-pasteur-pour-masturbation/?fbclid=IwAR1oBmolnhue0w2Uy14tOz-qQ60F8wXI0SOoI-cBTK1V5azhETIWCehHS2E.
Consulté le 6 août 2019.
[7] La date prête à confusion. Si pour certains auteurs dont Midrez et
Raze (2015) cet ouvrage fut publié en 1712, pour d’autres dont Georges
Androutsos (2005), il fut publié en 1710.
[8] Deslandes, aux dires de Chamayou et de Dorlin (2005)
sont considérés comme l’un des inventeurs des techniques antimasturbatoires les
plus violentes notamment dans son traité paru en 1835 et titré De l’onanisme et
des autres abus vénériens considérés dans leurs rapports avec la santé.
[9] Les corsets, les camisoles ou fourreaux, selon ce que
rapportent Chamayou et Dorlin (2005), étaient surtout utilisés pour les fils et
les filles issus de catégories sociales aisées.
[10] Ici, on voit que quelqu’un qui pratique la masturbation était
considéré comme étant malade.
[11] Voir : MOLÉNAT, Xavier. 2009. « Masturbation : Histoire
d’une panique morale ». Sciences
Humaines, Nov-Déc 2009. Le sexe dans tous ses états (Hors-Séries), No
10. URL : < https://www.scienceshumaines.com/masturbation-histoire-d-une-panique-morale_fr_24447.html>
[12] Voir à cet effet : MAZAURETTE, Maïa . 2016.
« Et si on prenait enfin la masturbation au sérieux ? ». Le
Monde, 02 octobre 2016, mis à jour le 03 octobre 2016. URL: <https://www.lemonde.fr/m-perso/article/2016/10/02/et-si-on-prenait-enfin-la-masturbation-au-serieux_5006838_4497916.html>.
[13] https://www.franceculture.fr/emissions/3-minutes-de-philosophie-pour-redevenir-humain/james%20baldwin,
consulté le 2 septembre 2019.
[14]Radio France Internationale.
[15] Philippe est Psychiatre et Anthropologue.
[16] Elisa Brune était, elle aussi, invitée à l’émission Priorité santé sur rfi.
[17] L’auteur entend par la ‘’technologisation de la masturbation’’,
l’apparition graduelle de nouveaux matériels technologiques permettant de se
masturber dont les sextoys.
[18] Pour répéter l’expression de Pognant (2009).
Atik la long anpil akoz kèk detay ou rive mete ki pat nesesè tankou nan site Boudye pou montre objè sosyoloji epi nan long listwa sou mastibasyon an. Sepandan m twouve se byen. Non sèlman pou kapasite deskripsyon an epi pou ti travay terèn ou fè a.
RépondreSupprimerPakont m twouve ou otè a plis fè yon travay repòtaj/jounalis paske jan m di l la ou rive dekri ak repòte divès konsepsyon sou mastibasyon depi nan aktivite. Otè a twouve se yon pratik ki oprese pandan tout peryòd sila sepandan pa gen okenn moman nan tèks sa ou esplike ak konprann jan l te anonse l la kisa k fè pratik sa opresye epi moun yo kontinye ap pratike l. Ak tout senserite m pa twouve repons enig sila a nan tèks la. Se rezon sa m di li plis yon travay repòtay pase sosyoloji. Sa se youn.
M twouve gen yon otè ki enpòtan anpil sou kesyon sektyalite ou pa konsilte, se Foucault Michel. Sandout si l te konsilte ou tap rive ak yon tantativ repons enig m soulve nan premye pwen an.
Twa, m panse tou ou pa rive rann kont chanjman ki genyen nan pratik sektyalite denojou ki vin fè ou pran sanksyon pastè a kòm si se ta yon tandans dominant alòske m panse moun yo pame sektyalite(mastibasyon) pi souvan oubyen nou ka di tou nan espas piblik yo san jèn. M te konstate plizyè moun k ap poste sou pwofil Whatsapp yo, yo pwal bat laponyèt. M panse ou te dwe rann kont evolisyon/mitasyon sila yo ki konsène menm pratik sektyalite yo sitou mastibasyon. M pa menm repwoche w pou karaktè jeneral travay ou a. Se kòmsi se yon atik ou ekri pou tout sosyete. Aprè koze pastè a ak sijè yo m pa wè anyen ki konsène Ayiti oubyen ki espesifik ak Ayiti nan travay sa.
Men bon travay.
Annatandan m rete la ak remak yo.
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
SupprimerToutes mes félicitations Très cher !
RépondreSupprimerMerci beaucoup!
SupprimerMwen li atik la. Mwen felisite w paske w deside travay sou yon tematik tankou Seksyalite, Sitou pa gen Twòp Sosyològ Ayisyen ki fèl. Menm gen kek Pwoblèm ak travay la ki pa Sosyolojik... sa vin lakoz ou Tonbe nan sa wap evite a : fè yon apoloji pou "mastibasyon".
RépondreSupprimerSe vre ou site anpil otè. Sa anpeche w Avanse yon lide orijinal...
Sitou travay Sosyològ la pa ta sipoze rezime a di: tel pratik bon ou mal...
Se pa travay la..
Mwen panse ou dwe fouye plis. Paske kontrèman a sa ou ta vle avanse a: Jounen jodi a "Mastibasyon" se yon pratik alamod. M te ka di preske yon kontrent sosyal ki pouse (Gason sitou) a "mastibe". Li mache ak reprezantasyon maskilin de Seksyalite.
Mwen panse pou konprann sa ou oblije , Menm si wap pale de "mastibasyon", founi je gade Seksyalite. Se li kap penmèt ou konprann sa.
Kontinye travay ! Se yon komansman . Mwen espere lòt atik sou koze silaa ap Sosyolojik!
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
Supprimer