Problématique du décrochage scolaire au niveau primaire en Haïti au regard du PSUGO
Par Mozart SAINT FLEUR, Sociologue
Le décrochage scolaire est un
objet aux contours flous. On ne peut en l’état que se contenter d’hypothèses quant
à l’identité des décrocheurs et aux processus à l’œuvre. Les enjeux de ce
phénomène dépassent le seul public concerné. Le décrochage interroge
l’institution dans son fonctionnement comme dans sa capacité à donner sens à
l’expérience scolaire et à aider à l’orientation des jeunes (Glasman, 2000 : 10).
En résumé, les caractéristiques
culturelles et la situation économique de la famille influent fortement sur des
facteurs aussi importants pour le processus éducatif que la motivation, les
habitudes en matière d'étude et les propres espérances de l'enfant. On peut
dire que c'est dans ce milieu et à ce stade que se produit la première
discrimination dans le domaine de l'éducation. Dans les foyers des classes
sociales aisées, les éléments culturels de base sont présents: les parents ont
en général un niveau culturel qui leur permet d'aider leurs enfants et de
mettre efficacement à leur
portée livres, revues, journaux, programmes télévisés et autres médias. Au
contraire, dans les familles les plus pauvres, l'insuffisance de ces mêmes
moyens désavantage les enfants par rapport à ceux des niveaux sociaux plus élevés (Gimeno, 1984 :32).
Étant considéré comme « l’action de mettre un
terme à ses études, sans toutefois avoir obtenu un diplôme » (Bernard, 2001),
le décrochage scolaire, bien qu’il ne soit pas spécifique à Haïti, est l’un des
problèmes majeurs du système éducatif haïtien. En effet, en Haïti, de plus en
plus, des enfants et jeunes abandonnent, pour une raison ou pour une autre,
l’école. Cependant, à lire les multiples constitutions et politiques publiques
de ce pays, l’une des premières évidences qui frappent l’esprit est l’idée de
gratuité et celle du caractère obligatoire de l’instruction (Délima, 2012 : 5).
C’est le cas, par exemple, du Programme de Scolarisation Universelle Gratuite
et Obligatoire (PSUGO) élaboré sous l’administration Martelli-Lamothe. Lancé en
octobre 2011, ce programme avait pour principal objectif de soulager le sort
des familles les plus pauvres en matière de scolarisation de leurs enfants.
Cependant, les statistiques et la réalité des populations ne cessent de prouver
une situation d’analphabétisme effarante et une montée grandissante du nombre
de décrocheurs au sein de la société haïtienne et surtout dans les villes de provinces.
Ainsi, l’on se demande : Pourquoi, en dépit de l’élaboration et la mise en
application du programme PSUGO, les écoliers haïtiens, surtout ceux qui sont au
niveau primaire, continuent-ils à quitter l’école à mi-chemin? Quelles sont les
catégories sociales qui abandonnent leur scolarisation? En quoi est-ce que le
système éducatif haïtien, de par son mode de fonctionnement, est générateur de
décrochage? En ce sens, étant donné que le décrochage scolaire n’aide pas les
pays en développement à tirer le meilleur parti de leurs ressources (Yves, 2005
; André & Collerette, 2005), l’étude d’un tel phénomène va nous aider à
mieux comprendre et à mieux expliquer les facteurs intra et/ou extra scolaires
conduisant au décrochage notamment dans la société haïtienne. Étant une thématique si peu
explorée en Haïti, nous souhaitons que cet article stimule la curiosité
intellectuelle d’autres chercheurs en vue de comprendre la nécessité de
repenser le système éducatif haïtien qui, déjà, pour plus d’un, est basé sur
l’exclusion, la discrimination, l’injustice sociale, etc.
Décrochage scolaire, de
quoi parle-t-on ?
Le
décrochage scolaire est un phénomène absolument complexe, c’est-à-dire
multidimensionnel et multifactoriel. Tous les auteurs travaillant sur cette
thématique sont presque unanimes sur ce point (Glasman, 2020 ; Yves, 2005
; André & Collerette, 2005). Selon Glasman (2020 : 10), « le décrochage scolaire est un objet
aux contours flous ». « On ne peut », dit-il, « en l’état que se
contenter d’hypothèses quant à l’identité des décrocheurs et aux processus à
l’œuvre » (Glasman, 2020 : 10). Toutefois, selon l’auteur, « les
enjeux de ce phénomène dépassent le seul public concerné » (Glasman,
2020 : 10). Car, à son avis, « le décrochage interroge l’institution
dans son fonctionnement comme dans sa capacité à donner sens à l’expérience
scolaire et à aider à l’orientation des jeunes » (Glasman, 2020 : 10).
L’Institution Français de l’Éducation (IFE) (2013 :
2), quant à elle, reconnaît la non limitation du phénomène de décrochage de
manière spatiale et chaque pays l’expérimente en fonction des moyens qui sont à
sa disposition. En effet, selon cette instance, « le phénomène [du
décrochage scolaire] est international », et que « chaque pays a une
approche et des expérimentations qui lui sont propres ». L’IFE avance pour
dire que « les concepts de décrochage scolaire, déscolarisation ou encore
d’échec scolaire se télescopent ». En ce qui concerne ses causes, à
l’instar des auteurs précités, l’IFE nous dit qu’elles sont multifactorielles,
et que les principales variables étant
le climat scolaire, les comportements agressifs, la dépression, le déficit
d’attention, la résolution des problèmes dans la famille et le fonctionnement
familial (IFE, 2013 : 6).
La position de Catherine Blaya (2010) n’est pas
différente des auteurs précités. Selon elle, ce serait une grave erreur d’attribuer
toute la responsabilité du décrochage scolaire aux familles (Blaya,
2010 : 47). Car, dit-elle, « nombres d’études convergent sur le fait
qu’il ne s’agit pas d’un problème unidimensionnel mais d’une conjonction de
facteurs de risque personnels, scolaires, environnementaux et familiaux qui
demande une approche plus systémique » (Blaya, 2010 : 47). Toutefois,
l’auteure croit qu’il ne faut pas nier l’influence familiale dans la question
du décrochage scolaire. Car, à son avis, « il n’y a donc pas à nier
l’importance de l’influence familiale, mais la recherche montre aussi que
d’autres facteurs, tels que les facteurs personnels et scolaire, sont en jeu et
ont un poids explicatif au moins aussi important » (Blaya, 2010 : 48).
Jessie
Malet (2010), pour sa part, nous dit que « quand on évoque les d’décrocheurs,
on pense à ceux qui ont abandonné le collège ou le lycée » (Malet,
2010 : 8). Il avance pour dire que le décrochage scolaire est vu, selon le
programme Educsol[1],
« comme un phénomène complexe qui fait qu’un élève rompt progressivement avec
l’école » (Malet, 2010 : 8). Il enchaine pour dire que « le
[processus[2]] génère
des dégâts humains et sociaux considérables » (Malet, 2010 : 8). Ainsi,
le dit programme « interroge l’institution scolaire dans ses missions
essentielles », à savoir « garantir l’égalité de chance, faire en
sorte que chaque jeune puisse construire son avenir professionnel et réussir sa
vie en société » (Malet, 2010 : 8).
Étant
d’avis que les causes du décrochage scolaire sont multifactorielles et complexes,
Sueur (2013 : 606), quant à lui, note
ce qui suit :
Les
élèves décrocheurs ne correspondent pas à un profil type. Ils ont connu des difficultés de
toute sorte : psychologiques, familiales, économiques, sociales et scolaires.
Aucune à elle seule ne suffit à expliquer la rupture, mais l’ensemble forme un
mélange explosif dont les effets sont dévastateurs sur le plan individuel et
collectif.
Toutefois,
l’auteur est d’avis qu’à cause de la pluralité des facteurs qui peuvent être à
la base du décrochage scolaire, une définition univoque n’est pas du tout chose
facile. Lisons l’auteur :
La
pluralité des facteurs de décrochage fait qu’il est malaisé d’en donner une
définition univoque. Il s’agit moins d’un état que d’un processus qui peut s’étaler
sur l’ensemble de la scolarité. C’est aussi la raison pour laquelle le décrochage
proprement dit, c’est-à-dire la sortie effective du système pendant une durée
de plusieurs mois, est un peu comme
l’arbre qui cache la forêt : derrière ce phénomène visible et
quantifiable, il y a bien souvent l’ennui à l’école, la perte de sens et de l’apprentissage,
la perte de confiance dans l’institution scolaire et le monde des adultes (Sueur,
2013 : 606-607).
Guillaume
Bala (2012), de son côté, nous dit que le décrochage scolaire « est un
processus lent instillé par le doute et la perte de confiance en soi dus bien
souvent à la pression du résultat intrinsèquement lié à notre système éducatif »
(Balas, 2012 : 9). Le décrochage, ajoute l’auteur, « n’est pas lié
qu’à l’école » (Balas, 2012 : 9). « Il est multifactoriel
(social, familial, éducatif, territorial, psychologique) et ses causes strictes
ne sont pas toujours identifiables » (Balas, 2012 : 9). Car, « celles-ci
[les causes du décrochage] relèvent aussi de l’individu et de ses mystères »
(Balas, 2012 : 9). En bref, pour l’auteur, « le décrochage scolaire
est une notion frontière, à la lisière entre enseignement et éducation »
(Balas, 2012 : 9). Aussi, il est un phénomène évolutif
spatio-temporellement (Balas, 2012 : 9).
Dans
le cas de notre article, nous entendons par décrochage scolaire le fait pour
des élèves de quitter, pour une raison ou pour une autre, l’école de manière
précoce, c’est-à-dire, sans diplôme ni qualification. Quant à l’enseignement
primaire qui nous intéresse dans le travail, disons qu’en Haïti, il accueille les
enfants de la première année à la sixième année fondamentale.
Le décrochage scolaire en Haïti
En
Haïti, la problématique du décrochage scolaire est aussi très complexe et
surtout lors qu’on se souvient que dans ce pays, « l’accès des enfants à
l’éducation de base dépend des classes sociales des familles » (François,
2010 : 201). Le système éducatif haïtien est surtout marqué par la
prédominance du secteur privé (MENFP, 2007 ; François, 2010 ; Délima,
2012). Comme l’a si bien dit François (2010 : 201-202), « les parents
d’élèves, notamment ceux des classes défavorisées sont le plus souvent dans l’impossibilité
de payer régulièrement les frais de scolarité dans les établissements privés ».
François
(2010) avance en faisant un constat très alarmant. Il explique que le
décrochage scolaire est tellement présent au sein de la société haïtienne qu’il
parait être normal. Aussi, ce phénomène, dit-il, concerne non seulement les surâgés
mais aussi les élèves qui ont l’âge normal. Lisons plutôt l’auteur :
Une
proportion importante de la population d’élèves abandonne les études au
cours du cycle fondamental sans acquérir les compétences nécessaires pour
accéder au marché de l’emploi. Cependant [le d’décrochage scolaire] est
tellement rependu qu’il est considéré comme normal : un parent qui ne peut pas
assurer les frais de scolarité de son enfant n’a qu’à le garder à la maison et
personne ne va pas se soucier de son absence jusqu’à l’abandon définitif. […]
La déperdition scolaire concerne donc aussi bien les surâgés que les élèves qui
ont l’âge normal (François, 2010 : 206).
François
(2010 :207) rapporte que, selon le Ministère de la Planification et de la
Coopération Externe (MPCE), « le taux de déperdition est particulièrement
élevé au niveau du 1er cycle de
l’école fondamentale (29%) et près de (60%) abandonnent l’école avant le
certificat d’études primaires » (Haïti/MPCE, 2007 : 21)
François
(2010) enchaine pour dire que, selon une étude menée par le Ministère de la
Planification et de la Coopération Externe (MPCE) en partenariat avec le
Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), concernant les
relations entre l’éducation et la pauvreté au sein de la société haïtienne, les
causes de l’abandon ou de la déscolarisation d’un si grand nombre d’enfants ont
été identifiées. Selon cette étude, dit François (2010 : 207) :
Quel
que soit le niveau de vie des parents des enfants déscolarisés, les enquêtes
ont montré que la cause principale est le coût trop élevé de l’éducation. Selon
les résultats, si les familles n’ont pas pu scolariser leurs enfants le manque
de motivation et l’échec scolaire n’en sont pas les causes principales. Ces
deux causes s’écartent grandement des coûts élevés de l’éducation.
Mise
à part l’incapacité économique des parents en vue de répondre efficacement à la
scolarisation de leurs enfants, François (2010 : 208-209) a souligné aussi
le placement des surâgés dans la même salle de classe que les élèves qui ont
l’âge normal, le traitement reçu à l’école, la pratique du châtiment corporel
dans certaines écoles, etc.
Il
est à noter que le constat de la violence dans le système éducatif haïtien a
été fait par Rodrigue Jean en 1988. Aux dires de Jean (1988), le système
éducatif haïtien est un système qui a une pédagogie de type bancaire et répressif.
Le processus d’inculcation des programmes qui sont à la fois désuets, usés et « sans
aucun enracinement avec les conditions sociales d’existence des élèves, ne
s’effectue pas de manière douce. Il se réalise par le moyen de la violence »
(Jean, 1988 : 38-39). Laquelle violence, selon l’auteur, « est à la
fois symbolique, s’exerçant autant sur la pensée que sur la personne même des
élèves » (Jean, 1988 : 39-40). « La violence symbolique »,
aux dires de l’auteur, « se manifeste par l’infériorisation du créole et la
censure du vaudou, langue et religion de la presque totalité des Haïtiens »
(Jean, 1988 : 40). Quant à la
violence physique, l’auteur note ce qui suit :
Le
système scolaire use également la violence physique pour persuader le petit Haïtien
de la légitimé de son discours : les vexations verbales, la retenue la
fessée, la discipline militaire (rassemblements en rangs serrés, usage du
sifflet, port de l’uniforme, etc.) sont en effet largement utilisés (Jean,
1988 : 40).
De
surcroît, l’auteur croit que le bilinguisme auquel fait face le système
éducatif haïtien est l’une des causes du décrochage scolaire.
Le
coût de ce bilinguisme est particulièrement élevé notamment sur le plan
pédagogique et socio-culturel. Sur ce plan, en effet, les conséquences de
l’imposition du français ne sont plus à démontrer. À commencer par les
déperditions dues, pour une large part, au retard l’linguistique. Pour ce qui
est des seuls abandons, signalons que, sur une cohorte hypothétique de 1.000 élèves
entrés dans le primaire urbain en 1978, seulement 314 termineraient leur
scolarité en milieu urbain et 202 en milieu rural […]. L’échec scolaire dû aux difficultés
est particulièrement criant à la campagne où l’univers dans lequel baignent les
enfants est essentiellement créolophone (Jean, 1988 :
40).
Donc,
les écoliers haïtiens, surtout ceux issus de la classe défavorisée, dès son
entrée à l’école, font face à « une double vie ». Ils se trouvent
obliger d’apprendre une langue qui n’est pas les leurs, en l’occurrence du
français. Pourtant, comme l’a si bien dit Pierre Bourdieu « il
s’ensuit logiquement que la mortalité scolaire ne peut que croître à mesure que
l’on va vers les classes les plus éloignées de la langue scolaire […] (Bourdieu, 1990 :
92)».
Comme
nous l’avons dit dans la partie introductive, les diverses politiques publiques
qu’a connu le pays n’ont pas pu réduire la question du décrochage scolaire et
surtout au niveau primaire au sein de la société haïtienne. Et, l’une des
causes du décrochage scolaire dans ce pays est justement l’incapacité
économique des parents. Sur ce, Délima (2012 : 21-22) a dit ce qui
suit :
Dans
la population des enfants de 5 ans et plus qui arrivent en première année du
fondamental, 21, 5 % pourraient atteindre le niveau secondaire et seulement
1,1% le niveau universitaire, dont 1,4 %
d’hommes contre 0,7% de femmes.
En ce qui concerne la population scolarisable, le 1/3 des enfants de 6 à 12 ans
(500 000 enfants) ne fréquente pas l’école. Cette proportion est de 40% quand
on considère la tranche de 5-15 ans, soit environ 1 million d’enfants. La
déperdition, l’abandon et la scolarisation tardive affectent davantage les
familles de faibles niveau économique et aussi bien la population en milieu
rural particulièrement affectées par une offre scolaire limitées et une
pauvreté accrue.
Délima
(2012 : 30), avance pour dire que « la déscolarisation précoce des
enfants constitue également un enjeu majeur pour le système éducatif ».
« On estime », dit-il « en effet que seulement 2 enfants sur 10
qui entrent en 1ère année du fondamental, atteindront la 5ème
année, et encore moins de 20% termineront le secondaire » (Délima,
2012 : 30).
Joint
(2006 : 173-174), de son côté, signale que « déçus de la dévaluation
des diplômes scolaires et de la situation socio-économique qui n’aide pas à
espérer un avenir meilleur, beaucoup d’élèves ne considèrent plus l’école comme
un moyen de mobilité sociale et n’étudient pas avec autant d’attention qu’auparavant ».
Pour
De Ronceray (1979), « le taux d’abandons et d’échecs traduit un malaise qu’il
faut expliquer par des facteurs très divers » (De Ronceray, 1979 :
94). Parmi ces malaises, l’auteur cite « la malnutrition, l’éloignement du
lieu de résidence par rapport à l’école, le manque de motivation, la modicité
et l’irrégularité des salaires, le vieillissement de connaissances » (De Ronceray,
1979 : 94). Tout en s’attaquant aux professeurs et la mauvaise gouvernance
du secteur, l’auteur continue de décrire un tableau sombre du système éducatif haïtien.
Lequel, selon De Ronceray (1979), est en étroite relation avec l’abandon et l’échec scolaire.
Les
professeurs diplômés se contentent de leur titre acquis depuis plusieurs années
et ne se renouvellent pas. Ils dispensent un enseignement usé, caduc qui
retarde l’élève plutôt que de l’avancer. L’enseignant haïtien de ces dernières
années est devenu, sous la pression des besoins économiques, un commerçant, un
agent de transaction. L’école n’est plus un lieu de de formation intellectuelle
mais une maison d’affaires où il faut le
plus de clients possible. Le passage d’une classe à une autre est assurée automatiquement
à tous ceux qui sont en règle avec comptabilité […]. Le marché de l’éducation
est ouvert à tous les essayistes et chacun en tire son gagne-pain au détriment
des générations livrées à l’exploitation et à la médiocrité (De
Ronceray, 1979 : 94).
Donc,
nous venons de voir le caractère multidimensionnel du décrochage scolaire en
général et du décrochage scolaire au sein de la société haïtienne en
particulier. En Haïti, l’incapacité économique des parents à répondre en toute
quiétude aux besoins scolaires de leurs enfants, selon les auteurs haïtiens
précités, est considérée comme la cause principale de ce phénomène. Cela laisse
entrevoir que la décision prise par le gouvernement Martelli-Lamothe en vue de
soulager les parents, en matière économique quant à la scolarisation de leurs
enfants, avait une importance capitale. Mais, entre les « mots et les choses »,
l’écart semble être immense. L’immensité de l’écart semble résider dans le fait
que les élèves continuent à décrocher du fait que leurs parents, surtout ceux issus
de la classe pauvre, n’ont pas suffisamment de ressources économiques en vue de
les garder à l’école, et ce, en dépit de l’élaboration et la mise en application
du Programme de Scolarisation Universelle Gratuite et Obligatoire. Toutefois,
soulignons que nous sommes d’avis que le décrochage scolaire ne concerne pas uniquement
les enfants issus de la classe défavorisée. Cependant, les enfants de la classe
modeste en Haïti et surtout ceux habitant « le pays en dehors »
semblent être les principales victimes. Ainsi, nous allons présenter brièvement l’énoncé de politique générale du
Premier Ministre haïtien Laurent Salvador Lamothe, élaboré en 2012, en vue de
voir l’écart qui pourraient bien exister entre ‘’les mots et les choses’’, pour
utiliser l’expression de l’autre.
Brève présentation
historique du PSUGO
Commençons
pour dire que, le PSUGO, connu sous le nom de « lekòl gratis[3]’’,
est un programme qui entre dans la mise en œuvre, à l’échelle mondiale, de
l’Éducation Pour Tous (EPT), du 5 au 9 mars 1990, à Jomtien (en Thaïlande) et en
avril 2000 à Dakar, notamment avec l’appui des organisations internationales
telles que l’UNESCO, l’UNICEF, le PNUD, la BM (Saint Fleur, 2019 :47).
Lesquels n’avaient pas atteint les résultats escomptés. Sur ce, le Ministère de
l’Éducation Nationale et de la Formation Professionnelle (MENFP) (2007 : 2)
a écrit ce qui suit:
En 1990, les
participants à la Conférence mondiale sur l’éducation tenue à Jomtien
(Thaïlande) s’engagèrent à faire de l’éducation primaire universelle une
réalité pour l’an 2000. Dix ans plus tard, lors du Forum mondial sur
l’éducation pour tous tenu à Dakar (avril 2000), l’évaluation de la mise en
œuvre des résolutions de Jomtien montre que les résultats obtenus restent
nettement en deçà de ceux qui étaient escomptés. Des progrès ont certes été
réalisés mais ils sont inégaux et beaucoup trop lents.
Les
causes de cet échec semblent être multifactorielles. Car, selon le MENFP
(2007 : 2), le manque
de volonté politique, l’insuffisance et la mauvaise utilisation des ressources, le fardeau
de la dette, l’attention insuffisante aux besoins d’apprentissage des pauvres
et des exclus » ainsi que « l’indifférence
à la qualité de l’apprentissage et l’absence de volonté de surmonter les inégalités
entre les sexes », sont entre autres les causes de cet échec.
La
rencontre de Dakar, elle aussi, met l’emphase « le caractère intégrateur
du concept d’éducation pour tous qui doit englober non seulement l’enseignement
scolaire formel mais aussi l’éducation de la petite enfance et les programmes
d’alphabétisation et d’acquisition des savoir-faire utiles dans la vie courante
» (MENFP, 2007 : 2). Aussi, « elle rappelle néanmoins les menaces qui
pèsent sur l’EPT dont : le risque de sacrifier la qualité au profit du développement
de l’accès à l’éducation, la persistance de l’inégalité des filles devant l’éducation »,
pour ne citer que ces points.
Pourtant,
selon Délima (2012) « le forum de l’éducation a été l’occasion pour de nombreux
pays, dont Haïti, d’adopter une résolution en vue de la scolarisation
universelle» (Délima, 2012 : 127-137). Malheureusement, aux dires de
l’auteur, malgré la participation d’Haïti à ces deux conférences, la situation
de l’éducation, surtout l’éducation fondamentale que visaient les deux Conférences,
garde encore ses lacunes. Sur ce, l’auteur conclut que dans un cadre analytique
proposé par l’UNESCO dans le but d’observer l’évolution de l’Éducation Pour
Tous, de 1990 à 1999, Haïti se situe dans le Quadrant III réunissant les 16
pays éloignés des objectifs de l’EPT mais avec une faible chance de les
atteindre à l’horizon de 2015 (Délima, 2012 : 127-137).
En
effet, l’éducation gratuite est un prescrit de la constitution haïtienne de
1987. « Les articles 32.1 à 32.3 de ladite Constitution stipulent que
l’éducation est une charge de l’État et des Collectivités territoriales »
(MENFP : 12). Ainsi, « ils consacrent en même temps la gratuité de
l’École et l’obligation de l’enseignement primaire tout en enjoignant l’État à
encourager et faciliter l’initiative privée dans le domaine de l’éducation »
(MENFP : 12).
Toutefois,
en dépit de cette promesse de la constitution haïtienne, les classes politiques
n’ont pas réellement la volonté de propager la lumière au sein de la masse. La
grande majorité de la population reste à l’écart du syllabaire. Après avoir
fait une brève historique du PSUGO, nous allons présenter l’énoncé de politique générale du Premier Ministre
Lamothe.
Brève présentation
de l’énoncé de politique générale du Premier Ministre Lamothe
Lors
de sa campagne électorale de 2011, le candidat devenu Président Michel Joseph Martelly
a promis un accès universel et gratuit à l’école. De cette promesse, comme le
dit Tardieu (2016) « des attentes considérables jaillissent de
partout ». Ainsi, une fois élu Président, il a choisi Laurent Lamothe
comme Premier Ministre. Dans son énoncé de politique générale, ce dernier a
promis de s’accentuer sur cinq axes fondamentaux afin de mettre le pays sur le
rail du « développement ». Étant donné que les axes dont parle le
Premier Ministre ont tous commencé par la lettre ‘’E’’ c’est-à-dire État de
Droit, Économie, Environnement, Énergie et Éducation, ce programme est dénommé
cinq (5) ‘’E’’. Dans le cadre de ce travail, nous nous sommes intéressés par le
dernier, à savoir l’Éducation.
Pour
introduire le chapitre de son programme qui est basé sur l’éducation, le
Premier Ministre Laurent Salvador
Lamothe rend hommage aux parents, sans distinction de sexe et du milieu de
provenance, pour l’espoir d’un avenir meilleur qu’ils ont placé dans la
scolarisation de leurs enfants. Le Premier Ministre se montre satisfait de l’effort
des parents en matière de la scolarisation de leurs enfants. Lisons plutôt les
propos du Premier Ministre :
En matière
d’éducation, avant tout constat, qu’il me soit permis de rendre hommage à ces
millions de parents hommes et femmes qui, en ville ou à la campagne, ont placé
dans la scolarisation de leurs enfants l’espoir d’un avenir meilleur. Jamais
auparavant nous n’avons eu autant de jeunes à fréquenter un établissement
d’enseignement, car plus de 3 millions de jeunes sont inscrits dans un cursus
d’apprentissage formel (Lamothe, 2012 : 57).
Toutefois,
selon lui, ce premier constat ne doit pas cacher les divers problèmes auxquels
fait face le système éducatif haïtien dont l’absence d’équité, l’exclusion ainsi
que la qualité inégale des services offert par ce système surtout en milieu
rural. Aux yeux de Lamothe, les enfants
issus du milieu rural sont les premières victimes de la non scolarisation et
l’abandon scolaire.
Cependant,
nous ne pouvons pas également nous cacher que cet indicateur brut ne rend pas
compte des dysfonctionnements d’un système marqué par l’absence d’équité,
l’exclusion et la qualité inégale des services particulièrement en milieu
rural. En effet, pas loin d’un demi-million d’enfants d’âge scolaire sont hors
de l’école, 83% d’entre eux appartenant au milieu rural. Plus de 60% des
enfants abandonnent l’école avant le certificat d’études primaires. A cela
s’ajoute que 89% des enseignants en milieu rural et 67% de ceux qui enseignent
en milieu urbain dans les deux premiers cycles du Fondamental, n’ont pas de qualifications
professionnelles (Lamothe, 2012 : 57).
Toujours,
selon le Premier Ministre, « au plan de l’accès, des mesures incitatives
tendant à la fois à abaisser les coûts de scolarisation des enfants et à
accroître la fréquentation scolaire ont été adoptées » (Lamothe,
2012 : 58). Il avance pour dire que « dans le cadre du programme de
scolarisation universelle gratuite et obligatoire, plus d’un million d’enfants
ont fréquenté l’école gratuitement » (Lamothe, 2012 : 58). Et,
« parmi ces enfants, 165,000 ont été à l’école pour la première fois »
(Lamothe, 2012 : 58). Il poursuit en disant que « maintenant, au
cours des prochains mois, il s’agira d’accroître l’offre d’éducation par la
construction dans un premier temps de 50 écoles ou la réhabilitation d’une
centaine environ, surtout en milieu rural, particulièrement dans les sections
communales déficitaires » (Lamothe, 2012 : 58). Ainsi, dit-il, « le
renforcement des programmes de dotations en manuels scolaires pour les
disciplines de base devrait nous permettre de toucher plus d’un million d’élèves »,
lequel renforcement doit toucher « principalement ceux qui fréquentent les
écoles publiques, les écoles communales, les écoles communautaires, les écoles
de mission, et les écoles presbytérales » (Lamothe, 2012 : 58).
Soulignons
que, pour le Premier Ministre, le programme ne compte pas seulement améliorer
la gouvernance du secteur. Car, selon
lui, « à ce programme devrait s’ajouter une dotation pour les uniformes »
(Lamothe, 2012 : 58). D’autant plus, dit-il, ce programme vise « la suppression
des frais scolaires pour tous les élèves entrant en 1ère année de
l’école fondamentale dans les établissements touchés par le programme de
scolarisation universel » (Lamothe, 2012 : 58). Lequel programme de
suppression, dit le Premier Ministre, « sera étendu progressivement
durant les années à venir pour les classes du premier cycle du fondamental du
secteur public et pourra également se traduire par un programme de subvention
aux écoles à existence légale du secteur non public à but non lucratif »
(Lamothe, 2012 : 58). Donc, « ces mesures », dit-il, « seront,
dans l’intérêt des familles, accompagnées d’une augmentation sensible du nombre
de bénéficiaires des cantines scolaires, particulièrement en milieu rural »
(Lamothe, 2012 : 58).
Le
Premier Ministre avance pour dire que, du point de vue qualitatif, son
gouvernement vise trois cibles particulières, à savoir les enseignants, le
personnel d’encadrement et de supervision et les familles. Pourtant, la réalité
actuelle du système éducatif haïtien ne cesse de démentir les actions de son
gouvernement. On n’a pas besoin de lunettes [scientifiques] pour voir que son
gouvernement n’a rien changé, sinon de manière théorique, au sein du système
éducatif haïtien, et ce, en dépit de toutes ces promesses.
Dans
le secteur public, les professeurs continuent d’être traités en parents
pauvres. Ils continuent de réclamer, entre autres, leur salaire, l’augmentation
de leur salaire, leur nomination, en bref une bonne condition de travail. Dans
le réseau privé, il n’y a aucun contrôle tant sur la compétence que sur la
qualification des enseignants. Alors que, se demandait le Premier Ministre : « est-il
encore responsable et rentable de laisser notre ressource principale, nos
jeunes, à la charge de personnels non qualifiés? » (Lamothe, 2012 :
59). Aussi, croit-il fermement que « la professionnalisation des
enseignants marche de pair avec une revalorisation de la condition enseignante »
(Lamothe, 2012 : 59). Quant aux personnels d’encadrement et de supervision
dont parle Lamothe, le
fonctionnement du système éducatif haïtien ne cesse de montrer que ce dit
système n’est pas du tout contrôlé. Et que les parents n’ont pas réellement
bénéficié de ce programme. Car, selon notre constat, la grande majorité des
parents haïtiens, surtout ceux vivant dans les campagnes et qui ont un faible
moyen économique, n’ont pas pu supporter la charge scolaire de leurs enfants. D’où
la montée du décrochage scolaire, surtout au niveau primaire dans la société haïtienne
et surtout dans les villes de provinces. Pourtant, le programme, comme nous
venons de le souligner plus haut, avait pour principal objectif de supprimer
les frais scolaires pour tous les élèves entrant en 1ère année de
l’école fondamentale dans les établissements touchés par le programme de
scolarisation universel. Soulignons aussi que dans « le pays en
dehors », certains élèves se sont obligés de parcourir cinq (5) à six (6)
kilomètres à pied et parfois plus pour aller à l’école. La fatigue et la
désolation causées par la distance de l’école par rapport aux habitations des
élèves sont aussi des facteurs à considérer dans la compréhension du décrochage
scolaire au niveau primaire en Haïti. Aussi, en dépit du caractère obligatoire
de ce programme, on peut constater des enfants qui trainent dans les rues, et
ce, dans l’indifférence la plus totale des autorités concernées. D’où une contradiction
dans le caractère obligatoire de ce programme. Ce dernier se dit obligatoire,
alors qu’aucun mécanisme n’a pas été mis en place afin de contraindre les
parents à envoyer leurs enfants à l’école. Rappelons que, dans le royaume du
Nord, sous la gouvernance de Christophe où l’école était obligatoire, Pamphile
(1988) rapporte que tous les parents étaient contraints d’envoyer leurs enfants
à l’école, sous peine de punition.
Le
PSUGO est gangrené non seulement de doutes, mais aussi de limites. Sans aucune
prétention d’être exhaustif, voyons quelques-uns.
PSUGO : ses doutes
et ses limites
Analysant
ce programme, le docteur en éducation comparée et internationale de
l’Université de Montréal, en l’occurrence Tardieu (2016), nous dit que
« cinq ans plus tard, la débâcle est totale et immense ». Aux yeux de
l’auteur, « le PSUGO est gangréné de multiples scandales administratifs et
financiers qui sapent complètement sa crédibilité ». L’auteur avance pour
dire qu’ « il est impossible de savoir le nombre réel d’écoles et/ou
d’écoliers ayant bénéficié du PSUGO parce que toutes les statistiques sont
falsifiées à la base avec complicité des responsables ». Aussi,
constate-il, « les programmes et contenus de formations véhiculés par le
PSUGO ne répondent aucunement aux profils des écoliers qui y sont inscrits »
[…]. Tardieu (2016) ne mâche pas ses mots pour dire que le PSUGO est à la fois un
échec et un fiasco qui porte un coup dur aux aspirations d’un grand nombre de
familles. D’autant plus, selon l’auteur, le PSUGO – arnaque magistrale, pour
répéter l’expression de l’auteur – était une propagande utilisée par des
« bandits légaux » en vue d’assouvir leurs appétits économiques aux
dépend de la grande masse. Lisons ce long paragraphe de l’ancien Ministre de
l’éducation :
L’échec monumental de cette
expérience porte un coup de massue aux rêves de centaines de milliers de
familles qui avaient choisi de faire confiance à leur président. Plus que pour
les autres dérives de son mandat et les promesses non tenues, le Président
Martelly et ses collaborateurs doivent porter la responsabilité pleine et
entière pour ce fiasco que constitue le PSUGO face aux aspirations légitimes
des familles haïtiennes et pour le coût social, économique et institutionnel
que la société devra payer suite à la faillite totale de ce projet. Exigence
politique, la scolarisation universelle, instrument de développement
économique, social et culturel ne pourrait être cette coquille pédagogique
creuse utilisée à des fins de propagande politique afin de masquer cette
arnaque magistrale organisée par les « bandits légaux », que certains
qualifient de « crime économique »
dont le seul objectif est de s’enrichir le plus vite possible aux dépens de la
République et de ses citoyens.
D’autant plus, les concepteurs du
PSUGO mettent l’emphase sur l’effectif d’enfants qui doivent fréquenter l’école
et non sur la qualité de l’enseignement. Voilà pourquoi dans les médias, le
gouvernement ne cessait de gonfler le chiffre et ce, sans preuve ni
démonstration.
Donc, pour Tardieu, le Programme de Scolarisation Universelle Gratuite et
Obligatoire (PSUGO) n’était pas réellement une préoccupation de l’ancien
candidat devenu Président, mais plutôt une stratégie utilisée par ce dernier en
vue d’accéder au pouvoir. Ainsi, en 2017, après plusieurs années de balbutiement, le Ministre de l’Éducation
Nationale et de la Formation Professionnelle (MENFP), en l’occurrence Pierre
Josué Agénor Cadet a déclaré que seules les écoles publiques sont ciblées par
ce programme (Thélusma, 2017).
Après plusieurs années de culbutes, le Programme de scolarisation universelle
gratuite et obligatoire (PSUGO) cible désormais uniquement les écoles publiques
du pays afin d’augmenter le parc scolaire national et de renforcer les écoles
nationales, à en croire le titulaire du ministère de l’Éducation nationale et
de la Formation professionnelle (MENFP), Pierre Josué Agénor Cadet (Thélusma,
2017).
Aucune prévision n’a été faite sur le programme. Car, s’accentuant sur une
note publiée sur le site du MENFP, le caractère budgétivore de ce programme,
selon Thélusma (2017), n’est pas caché. Alors que, les résultats atteints sont
très critiques.
Le PSUGO était un programme très
budgétivore. Selon une note publiée sur le site du MENFP, plus de 6 milliards
200 millions de gourdes de subvention étaient allouées à 6 262 écoles privées
et près de 600 millions de gourdes à 2 138 écoles publiques. Autrement dit, il
s’agit de 150 millions de dollars américains environ, en 4 ans, depuis le début
du programme, en 2011, auquel montant il faut ajouter environ 75 millions de
dollars de prise en charge des salaires des nouveaux enseignants recrutés dans
le cadre de ce programme, toujours selon la note.
Toujours selon cette note,
Vu le constat alarmant concernant
l’inadéquation entre les chiffres déclarés et les chiffres réels autour de la
présence des enfants subventionnés, au regard des enquêtes menées par l’ULCC et
des audits réalisés par le ministère, peut-on lire dans la note, cette question
s’est imposée : Pourquoi continuer à subventionner des écoles où les effectifs
déclarés dépassent, souvent de loin, les effectifs réels ?
Soulignions que, selon une enquête menée
par l’ULCC sur 208 écoles privées dans la commune de Carrefour et 132 à
Gros-Morne bénéficiaires des subventions du PSUGO, diverses irrégularités et
fraudes ont été révélées[4]. À cela,
s’ajoute, la non existence de plusieurs écoles et d’autre part, l’incapacité de
64 écoles à prouver les effectifs de leur classe, en raison notamment de
l’inexistence d’un cahier de présence ». « Les fraudes portent
notamment sur l’écart constaté entre le nombre d’enfants subventionnés et le
nombre d’enfants effectivement en salle de classe ».
Quant à la provenance du financement du programme, elle n’a pas
manqué de soulever de doutes (AlterPresse, 2013). « Selon
le gouvernement, le PSUGO est financé en grande partie par ‘’le trésor public,
les taxes prélevées sur les appels internationaux et les transferts d’argent de
la diaspora vers Haïti’’, prélèvements que plus d’un qualifient d’illégaux »
(AlterPresse, 2013). Ainsi, « le Fonds
National pour l’Education qui devrait être créé pour recevoir les prélèvements
n’a pas encore reçu l’approbation du parlement haïtien » (AlterPresse, 2013).
Mais,
l’échec du PSUGO ne doit pas trop nous étonner. Car, dans l’historiographie
nationale, toutes les réformes qu’a connues le système éducatif haïtien n’ont
pas toujours atteint leurs objectifs visés. Comme l’a si bien dit Fombrun (1989), «l’histoire du
système éducatif en Haïti ne cesse de montrer que, en dépit de nombreuses
réformes qui ont été entreprises et qui ont promis des changements bénéfiques à
la majorité, « cette majorité se retrouve encore au bas de la pyramide
avec 75% d’analphabètes et à peine 3 à 4% au sommet » (Fombrun,
1989 : 6).
À
notre avis, la cause de l’échec des reformes au sein du système éducatif
haïtien se réside dans le fait que ces réformes-là sont toujours prises à la hâte
et sont toujours calquées sur les programmes étrangers. D’autant plus, comme
l’aurait dit Chéry (2001), le système éducatif haïtien est imperceptiblement cohérent.
Car, il semble répondre aux attentes des élites haïtiennes. Car, l’une des
missions de cette élite est de garder la masse dans l’obscurantisme, dans
l’analphabétisme le plus total. Comme l’a si bien dit joint (2006), le système éducatif
haïtien « doit sa structure singulière aux fonctions spécifiques de
sélection et d’exclusion qui lui sont attribués » (Joint, 2006 :
165-166). Aussi, « il s’agit de sélectionner, de former et éventuellement d’élargir
les catégories des élites » dans l’objectif de reproduire le
« système social, basé sur l’inégalité et construit historiquement »
(Joint, 2006 : 165-166).
Donc,
sans prétendre l’exhaustivité, nous venons de voir quelques doutent qui planent
autour du Programme PSUGO. Lequel est gangréné de fraudes, d’irrégularités, de
mauvaises gestions tant du point de vue qualitatif que quantitatif, etc.
Pourtant, compte tenu de la faiblesse économique de la grande majorité de
famille haïtienne, le PSUGO devrait avoir une importance capitale. Pourtant, en
dépit de son élaboration et de sa mise en application, les élèves ne cessent de
décrocher, surtout au niveau primaire. Toutefois, ce sera une grave erreur, comme
nous venons de le montrer plus haut, de s’accentuer uniquement sur l’incapacité
économique des parents pour expliquer le décrochage scolaire au niveau primaire
en Haïti. Car, l’école, en général, et l’école en Haïti, en particulier, est un
lieu de reproduction sociale, pour parler comme Bourdieu et Passeron. C’est ce
que nous allons essayer de voir maintenant.
L’école une véritable
courroie de reproduction sociale
Nombre
d’études et recherches effectuées ces dernières années ne cessent de montrer l'étroite
corrélation existant entre la structure économique et sociale, la profession
des parents et les résultats scolaires. Les travaux de Pierre Bourdieu et de Jean-Claude
Passeron à ce sujet ne cessent de montrer que l'école est un facteur de reproduction
sociale (Gimeno, 1984). Selon ces co-auteurs, « les obstacles
économiques ne suffisent pas à expliquer que le taux de ‘’mortalité scolaire’’
puissent différer autant selon les classes sociales[5] »
(Bourdieu [1964] 1985: 21-22). Pour les deux auteurs, le capital culturel
est aussi un facteur à ne pas négliger quand on aborde la question de la mortalité
scolaire, pour répéter leur expression.
N’en
aurait-on aucun autre indice et ignorerait-on les voies multiples et souvent
détournées par lesquelles l’école élimine continûment les enfants originaires
des milieux les plus défavorisés, on trouverait une preuve de l’importance des
obstacles culturels que doivent surmonter ces sujets dans le fait que l’on
constate encore au niveau de l’enseignement supérieur les différences
d’attitudes et d’aptitudes significativement liées à l’origine sociale, bien
que les étudiants qu’elles séparent aient tous subi pendant quinze à vingt
années l’action homogénéisante de l’École et que les plus défavorisés d’entre
eux n’aient dû qu’à une plus grande adaptabilité ou à un milieu familial plus
favorable d’échapper à l’élimination (Bourdieu [1964] 1985: 21-22).
Donc,
si la précarité économique des parents se révèle à elle seule insuffisante, elle
est un facteur non négligeable dans l’explication et/ou dans la compréhension
du phénomène sous-étude. Comme nous l’avions souligné dans notre mémoire pour
l’obtention du grade de licencié en sociologie, pour Bourdieu et Passeron,
l’école n’est pas neutre, car elle « opère des sélections du fait qu’elle
choisit d’enseigner la culture de la classe dominante tout en mettant de côté
celle de la classe défavorisée » (Saint Fleur, 2019 : 21). Ce qui
signifie que « les individus issus de la classe défavorisée se trouvent en
difficulté devant l’école » (Saint Fleur, 2019 : 21). Cette
difficulté à laquelle fait face les enfants issus du milieu pauvre s’explique
par le fait que « le capital culturel que détiennent ces derniers,
autrement dit, l’ensemble des ressources détenues par ces derniers, en matière
de culture, n’est pas pris en compte par l’école » (Saint Fleur,
2019 : 21). Alors que « les individus issus des milieux favorisés
sont partis gagnant dans l’école du fait que l’école enseigne leur propre
culture ». Donc, en valorisant la
culture de la classe dominante au détriment de celle de la classe dominée, l’école,
aux yeux de Bourdieu et de Passeron, « favorise les favorisés,
c’est-à-dire les individus issus de la classe sociale dominante et défavorise,
du coup, ce qui sont déjà défavorisés, à savoir ceux issus des milieux pauvres
ne possédant pas le capital culturel qu’exige l’institution scolaire » (Saint
Fleur, 2019 : 22). Tout ceci pour dire que « la réussite scolaire est
d’autant plus probable que l’habitus
des enseignants et des enseignés sont identiques, [c’est-à-dire] homologues[6] »
(Bonnewitz, 1998]2002 : 93).
D’autant
plus, l’école est « loin d’être libératrice, elle est conservatrice »
du fait qu’elle « maintient la domination des dominants sur les classes
populaires » (Bonnewitz, 1998]2002 : 93). C’est ce que Bourdieu
(1990) appelle l’arbitraire culturel. Tout
se passe comme si les différences de publics, les différences entre les habitus sont niées par l’école (Bonnewitz,
1998]2002 : 93). Cependant, l’habitus,
entendu, selon Bourdieu, comme un
système de dispositions acquises par l’apprentissage implicite ou explicite, est
le système le plus puissant qui écarte de l’institution scolaire les élèves
issus de la classe défavorisée. Car, il [l’habitus] « provoque une auto-élimination des catégories
défavorisées[7] »
(Bonnewitz, 1998]2002 : 93).
Bref,
après avoir montré que l’école est une véritable courroie de reproduction
sociale, nous allons essayer de présenter certaines défaillances du système
éducatif haïtien. Car, selon nous, ce serait une grave erreur d’aborder le
phénomène du décrochage scolaire sans toucher ce point.
Le système éducatif
haïtien : un système ultra défaillant et théorique
Le
système éducatif haïtien est un système qui est, entre autres, désuet,
anarchique, extraverti. Produit de caste et de classe, le système éducatif haïtien
est basé, entre autres, sur l’exclusion sociale. En Haïti, il y a des écoles,
dirait-on, qui semblent être construites spécifiquement pour les riches et
d’autres pour les pauvres. Les méthodes d’enseignement sont basées sur le « gavage
intellectuel », pour répéter Joassaint (1978). L’élève passe 14 ans ou 15
ans à l’école, comme le dit Séjour (1991 : 12), mais, chose curieuse, il
reste toujours un sot. En bref, selon Séjour (1991 : 12), l’école en Haïti
est une véritable perte de temps. Joint (2006) abonde dans le même sens que Séjour
(1991) pour dire qu’après quatorze ans de scolarité, la grande majorité des élèves
haïtiens, ne savent ni lire ni écrire. Ainsi, « ils ne maîtrisent ni le
français ni le créole, voire l’espagnol ou l’anglais, enseignés comme langes
étrangères » (Joint, 2006 :173).
D’où
la justesse de la déclaration de l’un de nos sujets lors de la réalisation de
notre mémoire de licence en sociologie sur la question de la persistance du
phénomène de la tricherie aux examens officiels de philo à Port-au-Prince, de
2015 à 2017.
J'ai
beaucoup étudié le NaCl [l’acide chloridrique] à l'école, j'ai la formule, mais
imaginez-vous qu'il est chaque jour dans ma cuisine, pourtant je ne savais pas
si c'était bien lui. C'est juste après que je dis ah ! ... C'est ça le NaCl.
Cependant, un laboratoire pourrait aider l'enfant à mieux comprendre. J'aurais
pu être chimiste, on ne sait jamais, mais on a tué dans l'œuf mon rêve d'être chimiste [...]. Alors que,
l'un des moyens les plus rapides de mieux capter est des images et des
expériences (Gérald
Bataille, 4/10/2018, Promotion : 2015-2016, lycée, actuellement étudiante en
Relations Internationales).
Le
système éducatif haïtien avec « sa pédagogie de type bancaire et
répressif» (Jean, 1988) est générateur de décrochage. Les programmes sont ultra
obsolètes et n’aident pas l’élève à assimiler les cours.
Outre
qu’ils sont surannés et aliénants, les programmes d’études nous apparaissent comme
de véritables compilations encyclopédiques : l’apprenant, à quelque réseau
de scolarisation qu’il appartienne et quelle que soit la place qu’il y occupe,
se voit, en effet, contraint de collectionner une somme énorme d’apprentissage auxquels
il manque l’essentiel : la compréhension du sens du savoir (Jean,
1988 : 38).
De
plus, avance Jean (1988 : 38-39), « pour pallier cette absence de
sens, les enseignants font appel à la mémoire […] ». Dans ce contexte, dit
l’auteur, « il s’agit moins d’apprendre aux élèves à gouter, à expérimenter,
à raisonner, à discerner que de meubler, d’embouteiller, d’encombrer »
(Jean, 1988 : 38-39). L’auteur conclut en disant que « l’école haïtienne
n’est pas une école de l’intelligence, elle est un apprentissage de mémoire,
préoccuper de faire apprendre » (Jean, 1988 : 38-39). Jean Éric
Joassaint, en 1978 a fait le même constat en disant que du primaire au secondaire,
l’élève haïtien est « une machine à réciter des leçons ». Sans faire de
faux-fuyant, l’auteur nous dit que « ce gavage intellectuel, nous fabrique
en série des hommes uniquement doués de mémoire, qui nous maintiennent dans un
état d’immobilisme[8]».
Donc,
dans une telle logique d’apprentissage et de gouvernance du secteur, comment ne
pas s’attendre à ce que les élèves dont leurs parents n’ont pas suffisamment de
ressources économiques afin de répondre efficacement à ses besoins scolaires
n’ont pas quitté l’école à mi-chemin? Le système éducatif haïtien, de par sa
structure, de par sa gouvernance, est générateur du décrochage. L’école n’a pas
réellement une importance pour les autorités étatiques du pays. Car, ces
dernières veulent toujours maintenir le caractère ségrégatif historiquement
daté de l’école haïtienne
Conclusion
Concluons
pour dire que le programme de l’administration Martelly-Lamothe, en matière
d’éducation, se veut, certes, démocratique,
mais l’administration a oublié que tout programme qui se veut être démocratique,
comme l’aurait dit Jean (1988 :99) « doit chercher par un effort
pédagogique considérable à annuler le taux d’échec tout au long de la scolarité
obligatoire, à combattre toutes les formes de sélection sociale ». Or, promis
par des amateurs sans visions ni idéologie, le programme PSUGO n’a pas comblé
l’attente des parents. Il échoue à l’instar de tous les autres programmes qui
le précèdent. D’autant plus, les concepteurs ne donnaient aucune voie et moyens
concrets par lesquels ils souhaitaient concrétiser le programme. Les fraudes et
irrégularités dont fait montre le PSUGO prouvent clairement que les concepteurs
de ce programmes n’avaient aucune conception ni idéologie. Les catégories
sociales visées par le PSUGO ne sont pas réellement des vraies bénéficiaires. La
charge de l’éducation reste encore un poids éminemment lourd pour les parents. Les
enfants continuent à quitter l’école à mi-chemin et ce, sans que cela
n’interpelle les autorités concernées. Alors que le décrochage scolaire, dans
un pays comme Haïti, devrait interpeller tout le monde. Car, le « développement »
d’un pays requiert des ressources humaines à la fois qualifiées et compétentes.
Mais, en Haïti, l’analphabétisme a toujours été une politique dans le sens que
plus on est analphabète, plus on est manipulable et malléable. L’exclusion
sociale est un héritage historique que l’école haïtienne traine après elle et
qu’elle ne peut pas facilement se détacher (Saint Fleur, 2019). Car, avant
l’arrivée de Christophe Colomb, nous dit François (2009), les habitants de
l’ile n’avaient pas tous accès à la forme d’éducation qui existait à l’époque. Seuls
les enfants des caciques, dit François (2009) en bénéficiaient. Le pire, c’est
que cette forme d’exclusion continue jusqu’à aujourd’hui (en 2020). La logique
est que plus on écarte la masse du syllabaire, moins elle sera consciente de
l’inégalité sociale sur laquelle est construite la société. Ceci dit,
l’ignorance devient l’instrument à étouffer toute prise de conscience chez la
masse, pour parler comme Pamphile (1988). Mais, à ce que nous sachions et pour parler
comme Fouchard (1998), « il n’y a ni lois ni châtiment qui peuvent voiler
la lumière à ceux qui la cherchent ».
Tous
Droits Réservés
Port-au-Prince,
le 28 octobre 2020
[1] Informations sur le site http://educsol.education.fr/cid47602/accueil.html
[2] Le mot entre crochet est
de l’auteur.
[3] École gratuite.
[4] https://www.haitilibre.com/article-14460-haiti-flash-fraude-au-psugo-premieres-sanctions.html.
Consulté le 15 août 2020.
[5] Les mots soulignés sont de
l’auteur.
[6] Le mot souligné est de
nous.
[7] Les mots en gras sont de
Bonnewitz.
[8] Voir notre mémoire de
licence à la Faculté des Sciences Humaines (FASCH) pour de plus amples
informations.
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