L’Université d’État d’Haïti à la lumière du « complexe de la chauve-souris »


Par Mozart SAINT FLEUR, Sociologue


Crédit: UEH


"Ce que la littérature zoologique ignore jusqu’ici de la chauve-souris, c’est justement sa capacité, une fois qu’elle se retrouve dans l’eau à nager de trois à quatre heures en restant suspendue sur l’eau, en cas de fatigue. Après la pause, elle recommence à nager. La chauve-souris, la nuit, aime surfer dans l’eau. Cependant, une fois dans l’eau elle nage jusqu’à la mort […][1]. (Délima, Pierre, Le Nouvelliste, 6 septembre 2016)."

 


Institution d’origine médiévale[2], l’Université dans toute société qui se respecte, a toujours joué un rôle fondamental. En Haïti, en revanche, cette institution fait l’objet d’une désorganisation[3] totale, laquelle donne naissance à « un surpeuplement des petits centres universitaires qui s’isolent les uns des autres sans pouvoir donner une réponse adéquate aux multiples besoins de la société » (René Phèdre, 1997 : 4). Pendant qu’ailleurs l’Université ne cesse d’être remaniée, l’Université[4] en Haïti, qu’elle soit publique ou privée, demeure dans un état d’immobilisme, de croupissement et d’engourdissement. Celle-ci est tellement désorganisée que n’importe qui, aussi médiocre que soit son parcours intellectuel, peut être dit propriétaire et se faire appeler Doyen et/ou Recteur. L’Université d’État d’Haïti[5] (UEH), l’institution qui nous intéresse la plus dans ce travail, fait l’objet de crises[6] permanentes. Ces crises sont récurrentes au point où elles semblent devenir la mission fondamentale de l’UEH. « Existant depuis 1944, l’Université d’État d’Haïti n’arrive pas encore à se mettre à la hauteur de sa mission, de ses objectifs et de sa vision  déclarés » (Pierre Délima [2002]2014 : 83). La recherche n’y est nullement valorisée. C’est comme si les problèmes auxquels fait face le pays pouvaient être miraculeusement résolus. À l’UEH, le désordre est systématisé en ordre, pour parler comme Délima (2016). Personne ne joue son rôle comme cela aurait dû l’être. L’UEH, en tant qu’institution, fonctionne à la manière d’un navire sans capitaine. Sa logique de fonctionnement peut être ainsi résumée: « Ôte-toi que je m’y mette ». De là, l’on se demande : En quoi l’UEH est-elle l’exemple typique du « complexe de la chauve-souris » dont parle Pierre Délima (2016) ? Que peut-on attendre de l’UEH dans une telle logique de fonctionnement? En quoi peut-on expliquer les problèmes[7] auxquels fait face l’Université d’État d’Haïti? Quel est l’objectif poursuivi par cette institution? Dans quelle mesure l’UEH qui, de son côté, ne peut même pas s’autogouverner peut-elle arriver à aider la société haïtienne à faire face aux différents problèmes qu’elle confronte? Sans prétendre l’exhaustivité, c’est à ces questions et à bien d’autres que nous allons tenter de répondre tout au long de cet article.

Avant d’aller plus loin, disons que cet article n’est pas exhaustif. Il n’est pas non plus une satire. Il s’inscrit plutôt dans le cadre du prolongement de la nouvelle grille de lecture utilisée par Pierre Délima, dans son texte intitulé La société haïtienne et le complexe de la chauve-souris, paru en 2016. Pour nous, l’amélioration et/ou la rénovation de l’Université haïtienne, notamment de l’UEH est une nécessité essentielle en vue de « former des techniciens conscients de leurs capacités et de leurs limites, capables d'adapter intelligemment leurs connaissances à la réalité dans laquelle ils devront agir » (Oswaldo Sunkel, 1966 : 414). Ainsi reconnaissons-nous combien il est risqué, voire périlleux, pour un étudiant qui n’a pas encore soutenu son mémoire de sortie à l’UEH, d’oser fournir une réflexion, aussi scientifique soit-elle, sur ladite institution, une institution où le politique, l’agression physique et verbale, les menaces de mort, etc., priment sur la réflexion et le dialogue. Soulignons que dans cette logique, le développement de « la pensée complexe[8] » à l’UEH est un impératif impérieux. Car le rayonnement d’une telle pensée nous aidera, non seulement à affronter l’erreur, l’illusion l’incertitude et le risque, mais aussi et surtout à cultiver le sens de la tolérance, le respect mutuel, à accepter l’autre selon son point de vue[9]. Comme l’aurait dit Max Weber, il n’y a pas qu’une seule façon de voir la réalité, car le réel est insaisissable et, donc, complexe[10].

Selon Olivier Reboul [1989] (2014 : 43-44), l’Université est une institution qui « allie l’enseignement supérieur[11] à la recherche fondamentale». C’est aussi, selon lui, « la mémoire critique et intellectuelle d’une société » (Reboul [1989]2014 : 43-44). De son côté, Guy Rocher (1990), lui, écarté de la conception humaniste de l’Université, voit dans cette institution, non seulement un lieu d’enseignement et de recherche, mais aussi un lieu politique. Il nous dit en ses termes :

"On préfère la [l’université] définir comme une institution de haut savoir, exclusivement dédiée à l'enseignement et à la recherche. C’est s'aveugler, car même lorsqu'elle se cache à elle-même sa fonction politique, l'université l'exerce sans vouloir en prendre conscience. […]. Ce n'est certes pas en niant la fonction politique de l'université qu'on s'en libère. (Rocher, 1990 :18)."


Se basant sur l’UEH, Gérard Pierre-Charles (1988 : 6) a signalé qu’elle est une institution portant «les stigmates de 30 années de dictature ». Avec le décret du 19 décembre 1960, pris par Duvalier, ajoute l’auteur, cette institution «a souffert d’un processus de macoutisation ». Cette «macoutisation», avance Pierre-Charles, a duré plus d’un quart de siècle et « l’a dégradé du point de vue académique et moral, la condamnant à l’abandon, à la médiocrité » (Pierre-Charles, 1988:6).
Pierre Délima (2016), pour sa part, a signalé, sans aucune tergiversation, que « l’Université, qui constituerait la superstructure idéologique de la société [haïtienne] tourne en rond tout au long de l’histoire sans pouvoir se développer, répondre à sa mission et se mettre en conformité avec les besoins de celle-là » (Délima, 2016 : 52).

Mathieu Rémy (1998), lui, s’accentuant sur les problèmes auxquels confronte l’UEH, a signalé:

"Par sa carence de structures propres à faciliter la communication directe avec les autres composantes du système éducatif, l’Université d’Etat d’Haïti accuse tous les signes d’une institution juxtaposée, mal intégrée à son milieu, incapable de définir ses objectifs généraux de formation […] (Mathieu, Rémy, 1998 : 102-103)."


James Engé (2013), de son côté, se montrant beaucoup plus radical que les autres auteurs haïtiens sus-mentionnés, ne mâche pas ses mots. Il met à nu « le voile qui cache le dysfonctionnement de l’UEH ». Ce voile, selon lui, « a pour cause principale que les personnes ressources ne sont pas à leurs justes places » (Engé, 2013 : 152). À son avis, tout est politisé à l’UEH. Sur ce point, il a déclaré qu’on politise le budget, la nomination des professeurs à temps plein, le cursus académique, la préparation et la soutenance des mémoires, la recherche, en somme la mission scientifique de l’Université (Engé, 2013 : 152).

Arrêtons ici un peu pour élucider le rapport de l’UEH au « complexe de la chauve-souris (CCS[12]». Soulignons que l’expression ’’complexe de la chauve-souris’’ est de Pierre Délima (2016). Il s’agit d’une nouvelle grille de lecture se situant entre la sociologie et la psychanalyse, laquelle est utilisée par l’auteur pour parler du « blocage » ou de l’impasse dans lequel se trouve la société haïtienne. «De manière imagée et imaginée, le CCS consiste à nager pour ne pas s’en sortir » (Délima, 2006 : 48). Autrement dit, le « complexe de la chauve-souris est ainsi défini : « Se créer de nouvelles difficultés pour garder  la tête sous l’eau chaque fois qu’une porte de sortie s’ouvre[13] ».
À notre humble avis, l’Université d’État d’Haïti[14] (UEH), en tant que sous-système du système global qu’est la société haïtienne, elle aussi, n’est pas exempte du « Complexe de la Chauve-souris » dans la mesure où elle fait face à une multiplicité de crises depuis sa fondation, lesquelles l’empêchent de répondre efficacement à ses missions[15]. Aussi, après son processus de « macoutisation », rien n’a été fait en termes de changement (s) pratique (s). Elle n’a pas non plus su profiter de la période de l’entre-deux-guerres ni celle de 1945 à 1990 – considérée comme la plus féconde dans l’historiographie mondiale de l’enseignement supérieur (1993 : 3). L’UEH est donc le bastion de crises permanentes.

On dit souvent que « Vouloir sortir d’un trou, c’est cesser de le creuser » Délima (2016 : 44). À l’UEH, c’est tout le contraire. Les trous sont si profonde qu’il devient difficile, voire impossible de s’en sortir. Aussi, le désordre, l’autoritarisme, l’absence de respect mutuel, l’ « incendiarisme[16] », sont entre autres des éléments qui sautent le plus aux yeux. Le mot d’ordre, comme il est sus-mentionné: « Ôte-toi que je m’y mette ». Aucun effort, sinon de manière théorique, n’a été fait afin que l’UEH puisse répondre effectivement aux problèmes auxquels fait face le pays – un pays sauvagement dévasté par le tremblement de terre du 12 janvier 2010. L’UEH[17] aurait dû saisir cet événement afin de repenser son programme, donc, son mode de fonctionnement, etc. Pourtant, elle continue à marcher de fatalité en fatalité. Voilà, très brièvement, ce qui nous amène à ouvrir le cadre d’analyse de Délima (2016) en établissant le rapport entre l’UEH et la chauve-souris en situation de nage dont parle l’auteur.
Selon l’auteur:

"La chauve-souris en tant qu’animal, est fixé par des dispositions naturelles qui lui donnent la possibilité, toutes les fois qu’elle se trouve dans un milieu aquatique, qui n’est d’ailleurs pas son milieu naturel, de nager, de se débrouiller et de se débattre dans l’eau jusqu’au bout de souffle. Elle laisserait l’impression de tirer un fou plaisir de la nage. Par contre, il n’en n’est point question car, elle est condamnée à nager jusqu’à la mort, donc sans pouvoir ni devoir s’en sortir (Délima, 2016 : 42)." 


La permanence des crises à l’UEH confirme bien cette observation. Fondée en 1944, celle-ci reste jusqu’à aujourd’hui à l’État embryonnaire et ne fait preuve d’aucune attirance pour les étrangers. Sa dynamique de fonctionnement laisse entrevoir qu’il s’agit d’une Université qui a été conçue exclusivement pour les haïtiens. 

Soulignons, toutefois que Délima (2016) n’est pas pessimiste quant à l’avenir de la société haïtienne. Après avoir mis à nu les problèmes qui trainent en longueur au sein de ladite société, l’auteur nous invite à faire un dépassement. Ainsi, a-t-il fait remarquer  que « L’essai, La société haïtienne et le complexe de la chauve-souris, ne constitue pas un traité du « désespoir », mais ramasse certaines traces des faits qui alimentent le désespoir et sollicite une rupture » (Délima, 2016 :309). À son avis, « La catharsis[18] est possible, mais elle doit déboucher sur la définition et l’adoption de la priorité : la stabilité pour le développement du pays par un changement de mentalité individuelle au profit du collectif » (Délima, 2016 : 309).

Comment peut-on savoir qu’on est à destination si l’on n’avait pas d’abord fixé là où l’on voulait arriver? En d’autres mots, comment peut-on espérer trouver la chose si l’on ne sait même pas ce qu’on cherche? Et, c’est exactement la position de Rémy Mathieu en ce qui concerne l’objectif de l’UEH. Celui-ci nous dit que « […] l’UEH, ne sachant pas ce qu’elle cherche ou poursuit, ne pourra rien trouver» (Mathieu, 1998 : 87-88). L’analyste poursuit en disant que « […] c’est là une situation dangereuse en matière d’éducation. Tant qu’à ne point savoir où elle va, il y a fort à parier que l’UEH a déjà contribué à fabriquer la plupart des monstres, anarchistes et apatrides  qui peuplent la société haïtienne » (Mathieu, 1998 : 87-88).

Ce n’est pas, ce nous semble, « L’idée d’Université[19] » qui nous échappe dans ce pays. D’ailleurs, la grande majorité des professeurs, doyens, recteurs, etc., durant leur parcours intellectuel, voyagent, voient et fréquentent des universités prestigieuses de l’étranger et lisent de grands ouvrages. Le problème semble plutôt résider dans un esprit clanique, désordonné qui ne cesse de grandir au jour le jour à l’UEH et ne pouvant nous empêcher ni de tourner autour du pot ni de surfer sur l’eau comme des chauves-souris en situation de nage, pour parler comme Délima.

Dans cet article, nous sommes convaincu que l’Université est bien plus qu’un espace d’hostilité brutale, d’autoritarisme, de carnage, de meute, comme beaucoup d’entre nous l’ont toujours supposé. L’Université est bien plus qu’un espace où règne la logique du plus fort, selon la logique hobbesienne. Elle n’est pas non plus un lieu où l’agressivité prime sur le dialogue et sur la réflexion. L’Université est loin d’être une arène où s’affrontent les clans avec pour principe « ôte-toi que je m’y mette ».

Nous défendons l’hypothèse que l’Université recèle un lieu de réflexion, de production, d’échange, de respect mutuel ; un lieu où l’académique est en avance de phase sur le politique et sur l’intérêt individuel. Autrement dit, l’Université « est, ou elle devrait être, l'intelligence de la nation, le centre de l'activité intellectuelle d'où surgit la rénovation de la vie scientifique, sociale, culturelle et politique d'un pays (Sunkel, 1966 : 409).  Elle est, ou elle devrait être, « le centre de la pensée où se concentre l'effort d'interprétation de la société dont elle fait partie, en étudiant le sens de son histoire et en contribuant à révéler son image future » (Sunkel, 1966 : 409). L’Université, comme l’a si bien dit Reboul ([1989]2014) est « le seul lieu où la critique est institutionnalisée, officielle en quelque sorte ; un lieu qui doit ou devrait être avant tout un lieu de « loisir » et d’indépendance » (Sunkel, 1966 : 47).

 En bref, pour répéter Rémy Mathieu (1998 : 133) :

"L’institution universitaire, admise comme lieu de création et de diffusion de transformation et de conservation du savoir, du savoir-faire et du savoir-être, n’est rien moins que le lieu d’exécution d’un avenant à ce contrat social qui nous vaut d’être organisée en société."


Donc, l’Université est loin d’être un labyrinthe, un chaos, une jungle. La jungle, comme dit le dicton populaire, est un enfer; mais à l’UEH, nombreux sont ceux qui ont fini par l’admirer.  

On entend souvent dire que la capacité d’accueil de l’UEH est absolument faible. Nous disons que c’est faux et archi-faux, car comment voulez-vous qu’une institution dont sa capacité d’accueil est absolument faible accepte et tolère qu’un étudiant y passe au moins huit ans, pour une durée d’étude de quatre ou cinq ans, sans que cela n’interpelle les autorités concernées? Passer un temps plus long que le cycle d’étude à l’UEH devient monnaie courante. Parfois, c’est voulu. Parfois, c’est non voulu. Tout se passe comme si c’était normal. La gestion du temps nous échappe grandement. D’où une UEH qui tourne en rond.

S’accentuant sur les crises auxquelles fait face l’UEH, Remy Mathieu (1998 : 112) nous dit : 

"À côté de tant d’autres non évoquées ici, la crise de l’UEH provient de toutes ces malaises suscitées par une très longue période de gestion insouciante du temps, de l’espace des moyens matériels, institutionnels et de la qualité des ressources humaines indispensables à la consolidation et à la prospérité durable et irréversible de notre être collectif."

Si le temps, comme le dit Norbert Élias[20] ([1984] 1989), sert à mesurer quelque chose, alors, compte tenu de la « gestion insouciante du temps » à l’UEH, n’est-ce pas très douteux de dire que ce quelque chose-là existe à ladite institution? Telle n’est pas ici notre préoccupation.

Passons maintenant à l’une des missions fondamentales accordée à l’UEH, à savoir la recherche[21]. Considérée au sens général du terme, la recherche est « la production de savoirs nouveaux, dont le contenu est publiquement contrôlable» (Reboul [1989] 2014 : 45). Pour certains, à l’UEH, la recherche est quasiment inexistante (René Phèdre, 1997 ; Fréderic Gérald Chéry, 2012 ; Hérold Toussaint, 2016 ; Fritz Dorvilier, 2013). Selon ces auteurs-là, cette institution se voue presqu’exclusivement à la formation, donc à l’enseignement[22] et non pas simultanément à la formation et à la recherche, comme le font par exemple beaucoup d’autres universités à travers le monde.

Phèdre (1997 : 112) signale que faute d’un « programme d’études avancées, on finit par restreindre les activités de recherche à la seule expérience de recherche conduisant à la réalisation d’un mémoire ».  

Ainsi, si la recherche scientifique à l’UEH n’est pas totalement absente, elle semble n’être pas toujours encouragée. Les quelques-unes qui ont été réalisées sont restées à la critique rongeuse des souris. Ils ont presqu’aucune valeur en termes d’utilité pratique. Cette indifférence vis-à-vis des idées produites localement est presque semblable aux constats de Louis-Joseph Janvier en 1884 sur les œuvres littéraires produites en son temps. Dans son article titré « L’évolution littéraire en Haïti : Les poètes et les auteurs dramatiques », Janvier (1884 : 1) a signalé qu’ « Il faut avouer que jusqu’à ces derniers temps, et même dans la classe aisée de la société haïtienne, l’indifférence pour les œuvres nées des cerveaux haïtiens a été malheureusement générale ».

Fritz Deshommes (2011 : 12), de son côté, a signalé qu’à l’UEH, la recherche est vécue comme une «activité secondaire », et, donc «traitée en parent pauvre ». Aussi, à son avis, du point de vue global, plutôt que la recherche, la publication, l’acquisition des matériaux nécessaires à la recherche, quelle que soit la faculté considérée, « la priorité est accordée à la rubrique des salaires » (2011 : 30). En bref, selon Deshommes, « la recherche à l’UEH est à ses premiers balbutiements » (Deshommes, 2011 : 12).

Comment peut-on développer un pays sans mettre l’emphase sur la production scientifique?
Avançons pour dire que, par le développement des sciences modernes, l’Université  ne cesse de prendre de nouvelles tournures. Alors que l’enseignement et la recherche sont maintenant considérés comme missions traditionnelles de l’Université contemporaine, en Haïti, ces deux missions dites traditionnelles de l’Université sont loin d’être efficacement remplies. Ces changements sont signalés par Tim Vorley et Jen Nelles, dans leur article intitulé « (Re) conceptualiser l’université : Le développement institutionnel[23] », publié en 2008. Ils disent:

"Qu’ils soient unis ou distincts, l’enseignement et la recherche sont, en tant que missions traditionnelles de l’université contemporaine, de plus en plus soumis à une dynamique nouvelle. À l’heure actuelle, l’essor de l’économie de la connaissance observé partout dans le monde fait des universités le moteur même de la croissance économique […] – nouveau glissement qu’Etzkowitz et al. (2000) qualifient de « seconde révolution académique ». En substance, cette révolution désigne la transformation des universités, autrefois véritables tours d’ivoire, en institutions plus engagées au plan socio-économique (Tim Vorley &Jen Nelles, 2008 : 148)."

Est-ce réellement, comme on dit toujours, les moyens qui manquent à l’État [haïtien] quant à la mise en place d’une Université sérieuse? Au dire de Chéry (2012), ce n’est pas l’argent qui fait défaut à l’État [haïtien], mais plutôt un cliché ayant pour base la faiblesse de l’Université dans la question de l’aide de l’État. D’où le maigre budget attribué à la recherche. Dans cette logique, doit-on espérer quelque chose de l’UEH, voire la classer au rang des Universités?
Pour Rémy Mathieu, « […] le propre de toute Université efficace est de savoir anticiper sur les problèmes de l’avenir » (1998 : 134). Dans ce même ordre d’idée, Mumpasi LUTUTALA a déclaré :

"Le regard et l’intérêt portés sur l’université se focalisent généralement sur son rendement interne (le nombre d’étudiants formés à tous les niveaux du système, la qualité de la formation, la durée des études, la recherche ou la production des connaissances et leur qualité, l’internationalisation, les publications scientifiques) et externe (l’employabilité des diplômés et leurs performances professionnelles, et le rôle de l’université dans la gouvernance et l’édification de la société). C’est par ces indicateurs que l’on mesure les performances d’une université, et qu’on la situe dans le classement des universités. (LUTUTALA, 2012 : 23-24)."

Sans aucune prétention de prendre pour recette les indicateurs cités par Mathieu (1998) et Lututala (2012), l’UEH répond-elle à ces critères ? Sinon, à combien d’entre eux répond-elle?  D’où l’impérieuse nécessité de réorganiser l’Université en Haïti, qu’elle soit publique ou privée. Parmi les problèmes auxquels il faut s’attaquer dans la poursuite de cette réorganisation, citons entre autres « Les programmes, la pertinence et l’aménagement des cours dans les sessions, le nombre de crédits correspondant à chaque cours, le nombre de cours à chaque programme, la gestion des cours, la répétition des cours d’une entité à une autre» (Délima, [2012] 2014 :96). À cela s’ajoute « la mobilité des étudiants à l’intérieur de l’UEH, le temps réglementaire des études, la gestion des ressources disponibles la qualification des professeurs d’Université, l’échange interuniversitaire, les bibliothèques » (Délima, [2012] 2014 :96).

De là, laisse entrevoir que l’idée de « réforme universitaire » n’est pas du tout mauvaise en soi. Seuls les gens ayant l’esprit inculte pourraient ne pas voir dans cette dite réforme un impératif impérieux. Malheureusement, politisée et désordonnée, elle [cette réforme[24]-là] ne fait qu’attirer la haine du côté de bon nombres d’étudiants, de professeurs, etc. D’où, malgré son importance capitale, son goulot d’étranglement. Mis à part les éléments pré-cités, on pourrait considérer l’imperméabilité de certains dirigeants du pays, en général, et de l’UEH, en particulier, à l’idée de réforme. Beaucoup plus sonores que pratiques, certains dirigeants  semblent être réfractaires à l’idée d’une Université réformée. La logique est qu’à bord du pouvoir, ils voient tout ; mais qu’une fois au pouvoir, ils ne voient rien, et, donc sont aveugles. Aussi, à force d’être accoutumé à une chose [qu’elle soit bonne ou mauvaise], il est possible qu’on finisse par « tirer un fou plaisir de la nage ». D’où la situation de coma de certaines entités de l’UEH. D’où aussi, selon nous, le rapport existant entre le mode de fonctionnement de cette institution et les « chauves-souris » dont parle Délima (2016).

Dans ce cas, qui sont les principales victimes? Le recteur ? les doyens ? les professeurs ? les petits personnels, etc. ? En tout cas, seuls les gens ayant l’intelligence lourde comme les ailes de la chauve-souris dans l’eau, pour parler comme Délima, pourraient ne pas voir que ce sont les étudiants qui sont les principales victimes. Car, et les professeurs et les doyens, etc., ils continuent à recevoir leur salaire[25].

Il en découle de toute l’analyse précédente que l’UEH, à l’instar de presque toutes les autres institutions du pays, ne cesse de tourner en rond à la manière de la chauve-souris dans l’eau. Elle est, en toute logique, une Université « en retard de vision et de structure », une université « conservatrice et extravertie », marquée par « l’absence de politique prévisionnelle », « l’absence du sens d’anticipation sur les problèmes de l’avenir» (Rémy Mathieu, 1998). Dans cette logique crasseuse de fonctionnement, l’UEH est l’exemple typique, non seulement du « complexe de la chauve-souris », mais aussi du «paradoxe de l’âne de Buridan[26] ».

On ne saurait clore l’article sans apporter une précision fondamentale. Contrairement à ce que pourraient imaginer certains « esprits obscurs » ou « approximatifs[27] », réputés en matière de déformation des idées scientifiques produites en toute indépendance intellectuelle, cet article n’a ni pour but de détracter l’UEH ni pour froisser quiconque. Il vise plutôt un prolongement du cadre théorique de Pierre Delima (2016). Aussi, en ce qui concerne l’UEH, l’article ambitionne un autre rapport entre les dirigeants et les dirigés (Chéry, 2012) afin de sortir du trou dans lequel nous nous trouvons. D’où la nécessité de « cesser d’agiter le spectre du chaos » (Délima, 2016 : 283). D’où, aussi, la nécessité de mettre de côté la rancœur et l’hypocrisie : deux obstacles majeur en matière de d’entente. Le temps est venu pour que l’Université haïtienne – qu’elle soit publique ou privée – devienne une boussole pour la société. Quel organisme de la société sera plus qualifié que l’Université dans l’accomplissement de cette tâche? Autrement dit, « Où donc, si ce n’est au sein même de l’organe de la société qui a pour mission d’inculquer le respect de la vérité […] et de faire preuve d’une énergie morale et suffisante pour exprimer la vérité en quelque circonstance que ce soit ? » (OSWALDO, Sunkel, 1966 : 413). Pour ce faire, la société haïtienne et les universités du pays devraient cesser de fonctionner  à la manière de deux pôles identiques de deux aimants. Elles doivent cesser également de fonctionner comme des chauves-souris dans l’eau. Car, « Nager par nécessité pour ne pas mourir dans l’eau et mourir en nageant pour ne pouvoir s’en sortir est un dilemme » (Délima, 2016 : 44). Que l’Université haïtienne devienne une université « ouverte » « agissante[28] », « vivante» et « innovante », etc.!



Septembre 2017
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[1] DELIMA, Pierre. 2016. Qu’est-ce que le complexe de la chauve-souris». Le Nouvelliste 6 septembre. URL : , consulté le 25 août 2017.
[2] Cette conception n’est pas partagée par tout le monde. Pour André Ségal (1997 : 7), « L'université est précisément une structure longue des sociétés occidentales, bien qu'il faille se demander si elle est réellement d'origine médiévale ou si elle n'aurait que deux siècles ».
[3] Pour parler de la désorganisation de l’enseignement supérieur en Haïti, Pierre Délima (Délima [2012] 2014) utilise l’expression de «balkanisation ». Selon lui, « Le constat le plus simple permet d’établir que l’enseignement supérieur en Haïti est dans une situation de « balkanisation » (Délima [2012] (014 : 74)
[4] « Il existe trois types d’Université en Haïti : l’Université d’État d’Haïti, les Universités privés de types laïque et confessionnel les Universités publiques » (Délima, [2012] 2014 : 83).
[5] L’Université d’Haïti, fondée en 1944, est devenue l’Université d’État d’Haïti par le décret du 16 septembre 1960.
[6] Selon Rémy Mathieu (1998), la notion de crise « admet plusieurs acceptations » (MATHIEU, Rémy, 1998 :24). Il signale que « dans le cas d’une institution telle que l’Université, fondée sur l’interrelation humaine à finalité sociale, la crise peut se définir comme le moment critique d’exaspération des contradictions internes ; cette phase explosive à laquelle aboutissent des conflits d’intérêts matériels ou moraux persistants en non résolus à la satisfaction des partis en litige. » (MATHIEU, Rémy, 1998 :24). Olivier Reboul, pour sa part, nous dit que « si l’université est en crise, il s’agit essentiellement d’une crise d’identité » (Reboul [1989] 2014 : 43).
[7] Ces problèmes sont à la fois « d’ordre structurel, infrastructurel, organisationnel, administratif et pédagogiques » (Délima, [2012]2014 : 93).
[8] Le concept « Pensée complexe » est d’Edgar Morin.
[9] Voir : https://www.google.ht/amp/s/www/lesechos.fr/amp/35/673835.php
[10] Aussi, le développement de la pensé de G. Simmel, Max Weber, W. Pareto, nous serait beaucoup utile.
[11] Le terme  ‘‘enseignement supérieur’’, selon l’auteur, n’a rien « d’anti-démocratique ». Un enseignement, dit-il, est « supérieur » « au sens précis où il n’y en a plus au-delà de lui [...] » (Reboul [1989] 2014 :44).
[12] S’accentuant sur la sociogenèse du CCS, Pierre Délima (2016 :56) a signalé qu’ « […] il faut comprendre que le CCS ne va pas de soi. Il n’est ni la résultante d’une génération spontanée en 1804 ni une fatalité du temps. Il est historiquement construit sur le plan mental à partir de la réification humaine, des pratiques sociales et des intégrations. La semence de de l’édification inhibée formant le CCS se situe donc au-delà de l’avènement d’Haïti à l’indépendance. Le format du CCS provient de l’esclavage, dans ses pratiques et le mode de cassure révolutionnaire, qui n’a pas été géré par l’adoption d’un modèle nouveau de société […] ».  Voir DELIMA, Pierre. 2016. La société haïtienne et le complexe de la chauve-souris : Québec, Délima Pierre et les Éditions Mémoire.
[13] Voir PIERRE, Pégy F. C. 2016. « Qu’est-ce que le complexe de la chauve-souris ? ». Le Nouvelliste 6 septembre. URL : <http://lenouvelliste.com/article/162815/quest-ce-que-le-complexe-de-la-chauve-souris>, consulté le 26 aout 2017.
[14] Soulignons que « Tous les pans de la société haïtienne peuvent être vus au travers du CCS » (Délima, 2016 :97).
[15] En ce qui concerne la mission théorique de l’UEH, voir les articles I, II, III, IV, et V de l’Avant-projet de loi portant sur l’organisation et le fonctionnement de l’UEH, mars 2005.
[16] Le concept « Incendiarisme » a été utilisé par le Professeur Fritz Dorvilier alors qu’il était en train de dispenser son cours de Sociologie du développement à la Faculté des Sciences Humaines, en 2016.
[17] Ceci est valable pour toutes les autres Universités du pays.
[18] Par la catharsis, considérée ici comme prise de conscience individuelle et collective en vue du dépassement, de la transcendance et de l’élévation au-dessus de tout ce qui divise pour attendre ce qui unit […] (Délima, 2016 :310)
[19] Voir, à cet effet, TOUSSAINT, Hérold. 2016. L’idée d’université expliquée aux étudiants. Introduction de Laënnec Hurbon: Port-au-Prince, Imprimerie Média –Texte.
[20] Voir ELIAS, Norbert. [1984] 1989. Sobre el tiempo. Traducción de Guillermo Hirata, Madrid, Fondo de Cultura Económica, S. A. de C. V.
[21] La recherche universitaire, selon Reboul règle trois fonctions: d’abord,  la recherche approfondie ou fondamentale ; ensuite, une fonction de maintien ; enfin, une fonction de mémoire critique ou de réflexion. Toutefois, selon l’auteur, la dernière fonction, en l’occurrence de la fonction critique, peut exercer dans d’autres endroits, mais il est certain que l’université est l’endroit unique où « la critique est institutionnelle, officielle en quelque sorte» (Olivier Reboul [1989] (2014 : 45-46).
[22] Pour un auteur comme Olivier Reboul [1989] (2014 : 44), il y a trois types d’enseignements. D’abord l’enseignement culturel ; ensuite, l’enseignement professionnel ; enfin l’enseignement de la recherche. Tout en restant distincts, voire en conflits, dit l’auteur, ces derniers sont souvent confondus dans les faits.
[23] Dans cet article, ces deux auteurs ont signalé trois missions de l’université au cours de son évolution. D’abord, jusqu’au milieu du XIXème siècle, l’université avait pour mission « l’enseignement ». Ensuite, « la recherche a donc rejoint l’enseignement, et constitue depuis lors la deuxième mission de l’université». Enfin  « En raison de la nature principalement économique les universités sont désormais qualifiées d’« entrepreneuriales. » Toutefois, selon ces deux auteurs, «loin d’être détachée des fonctions de base de l’université, la Troisième mission est inextricablement liée à l’enseignement et à la recherche » (Tim Vorley et Jen Nelles, 2008 : 147 -152)
[24] À l’instar du concept « démocratie », le mot ‘’réforme’’, en Haïti, devient banal et vide de sens à cause du mauvais usage qu’on fait d’eux.
[25] D’où un exemple de détournement du proverbe : « L’ouvrier qui travaille mérite son salaire ».  
[26] « Le paradoxe de l’âne de Buridan est la légende selon laquelle un âne est mort de faim et de soif entre son picotin d’avoine et son sceau d’eau, faute de choisir par quoi commencer ».Voir : https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Paradoxe_de_l%27âne_de_Buridan
[27] Ces expressions sont de François Ricard. Voir RICARD, Francois.1985. « Sur deux fonctions occultées de l’université ».  Liberté, vol. 27, n° 2, (158), p. 83-90. URL : http://id.erudit.org/iderudit/31259ac.
[28] Pour une bonne compréhension des concepts d’université « ouverte », « agissante » et « vivante ».Voir OSWALDO. Sunkel.1966. « Université, développement économique et planification ». In : Tiers-Monde, Tome 7, no 26. Blocages et freinages de la croissance et du développement (1), pp.409-415. DOI : 10.3406/tiers.1966.2213.

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